© SMITH, de la série Traum, 2015-2018. Courtesy Galerie C, Neuchâtel. Expositio
© SMITH, de la série Traum, 2015-2018. Courtesy Galerie C, Neuchâtel. Exposition collective Trace(s), 17.1. – 23.2.2019 PHOTO-THEORIA 36 JANVIER – MARS 2019 Photo-Theoria #36 • 03.2019 • P.2 © SMITH, Spectrographies 001, 2014. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire, Paris. Exposition MBAL, Le Locle, 16.02. – 26.05.2019 SOMMAIRE FOCUS – Au-delà du genre ? 3 EXPOSITIONS – À voir en Suisse 8 ANTEQUAM – Événements à venir 128 Photo-Theoria – Magazine trimestriel dédié à la photographie contemporaine Rédactrice : Nassim Daghighian • info@phototheoria.ch • www.phototheoria.ch Photo-Theoria vous propose des sujets d'actualité sur la photographie contemporaine et des contenus pédagogiques en ligne depuis 2011. Magazine mensuel créé en 2015, il devient trimestriel en 2019. Historienne de l’art spécialisée en photographie, Nassim Daghighian est membre de l'AICA – Association Internationale des Critiques d’Art. Elle enseigne la photographie contemporaine, l’histoire de la photographie et l’analyse d’image au CEPV depuis 1997. Elle a été conservatrice associée au Musée de l’Elysée, Lausanne, de 1998 à 2004. Dès 1998, elle s’engage dans la promotion de la création contemporaine, en particulier comme membre fondateur et présidente de near de 2009 à 2013 (www.near.li – association suisse pour la photographie contemporaine). De 2008 à 2015, elle est rédactrice en chef de Next, édité par near (72 numéros). Elle a mené plusieurs interviews de personnalités du monde de l'art pour Next et Photo-Theoria. N.B. : Sauf mention autre, les sources et références des textes sont les dossiers de presse et sites des institutions ou artistes concernés. Je remercie tous les photographes qui mettent leurs images à disposition des médias ou me les ont communiquées personnellement. Photo-Theoria #36 • 03.2019 • P.3 © SMITH, Spectrographies 005, 2014. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire, Paris. Exposition MBAL, Le Locle, 16.02. – 26.05.2019 FOCUS – Au-delà du genre ? " Si le mot « trans » me convient étymologiquement, dans l'idée du passage, d'une traversée sans escale ni destination, je préfère à l'heure où nous parlons […] trouver un autre mot. Mes contours identitaires, y compris génotypiques, étant flous, je tenterais peut-être d'introduire le mot « outregenre » : comme on parle d'outre-tombe, ou comme Pierre Soulages parle d'outrenoir. J'ai conscience que s'exerce ici une tension entre deux mouvements contraires : le désir d'affirmer une identité contre le système (hétérocis)normatif « binaire », et d'inscrire cette dernière dans le mouvement d'une communauté, celle que je pourrais photo- graphier, par exemple ; et celui d'échapper, seule·e, à toute case genrée, de bâtir une identité singulière. " SMITH 1 Alors que plusieurs artistes LGBTQI+ tiennent à définir leur identité au-delà du genre 2, comme SMITH, la question d'une égale représentativité des femmes dans le monde de l'art est toujours d'actualité. Ne pouvant pas répondre ici à de profondes interrogations sociales en lien avec le genre – telles que l'inégalité des salaires, l'invisibilité des femmes au foyer, la répartition des congés parentaux ou l'homoparenté – j'ai préparé ce numéro 36 de Photo-Theoria en mettant en valeur la présence importante d'artistes femmes dans les expositions de photographie en Suisse et au-delà. Ainsi, 53% des pages de ce magazine leur sont consacrées. L'objectivité des chiffres est toujours utile pour expliciter certains faits et faciliter la prise de conscience des inégalités réelles. J'en citerai d'autres ci-après pour appuyer mon propos. En 2015, un changement remarquable eut lieu dans le petit univers des institutions suisses pour la photographie 3. Jusqu'alors, seul le Musée suisse de l'appareil photographique comptait une femme à sa direction : Pascale Bonnard Yersin, archéologue de formation, partagea avec son mari Jean-Marc, photographe, le double poste de conservateurs directeurs de 1991 à 2018. Depuis 2015, Tatyana Franck est directrice du Musée de l'Elysée, où l'équipe compte nettement plus de femmes ; Nadine Wietlisbach est à la tête du Fotomuseum Winterthur dès 2018, après avoir dirigé le Photoforum Pasquart à Bienne de 2015 à Photo-Theoria #36 • 03.2019 • P.4 © SMITH, de la série Traum, 2015-2018. Courtesy Galerie C, Neuchâtel. Exposition collective Trace(s), 17.1. – 23.2.2019 2017 ; en janvier 2018, Danaé Panchaud est devenue directrice du Photoforum Pasquart. À noter également que Nathalie Herschdorfer, conservatrice au Musée de l'Elysée de 1998 à 2010, est depuis 2014 conservatrice et directrice du Musée des beaux-arts du Locle, où elle a programmé plusieurs photographes. En ce moment-même, plusieurs artistes femmes y sont exposées. Du côté des festivals, les Journées photographiques de Bienne sont dirigées depuis 2003 par des femmes ; Sarah Girard en est la directrice depuis janvier 2018. Sur le marché de l'art, quelques galeries dirigées par des femmes assurent la promotion des photographes : Mirjam Cavegn, directrice de la Bildhalle à Zurich et, dans la région bâloise, la Galerie Monika Wertheimer (Oberwil) et la Galerie Gisèle Linder (Bâle). En ce qui concerne les artistes, plusieurs femmes ont été récompensées par des prix prestigieux, entre autres : Virginie Rebetez fut lauréate de l'Enquête photographique fribourgeoise 2017-2018, Maya Rochat a gagné le Prix Mobilière 2019 et Shirana Shahbazi a reçu l'un des trois Prix Meret Oppenheim 2019 4. Le paysage culturel helvétique n'est donc pas si sombre mais, comme il importe pour toute artiste de pouvoir également être reconnue sur le plan international, voici quelques chiffres révélateurs d'une lente évolution. Les Guerrilla Girls – groupe d'artistes féministes activistes créé à New York en 1985 – ont mis en évidence que les chiffres de 2012 sont proches de ceux de 1985 : moins de 4% des artistes exposé·e·s au Met – The Photo-Theoria #36 • 03.2019 • P.5 © Viviane Sassen, X, de la série Of Mud and Lotus, 2017. Courtesy Stevenson Gallery, Cape Town. Exposition Hot Mirror, MBAL, Le Locle, 16.02. – 26.05.2019 Metropolitan Museum of Art, à New York, sont des femmes alors que 76% des nus représentés sont féminins (en 1985 : 5% et 80%). L'artiste Anna Fox 5 (1961, GB), photographe et vidéaste qui enseigne à l'Université des arts créatifs de Farnham, constate que 80% des diplômé·e·s en photographie de Grande- Bretagne sont des femmes alors que celles-ci ne représentent que 15% des photographes professionnel·e·s. En France 6, les écoles supérieures de photographies (Arles, Louis Lumière et Gobelins) enregistrent un taux de 55 à 68% de femmes mais, en 2015, seulement 35% des photographes professionnel·e·s étaient des femmes, avec un écart de revenu de 28% par rapport aux hommes. Les femmes photographes lauréates d'un prix depuis 2000 ne représentent que 36% des primé·e·s. Pour rappel, seulement 21.4% de femmes étaient exposées à Paris Photo en 2018, malgré une initiative remarquable pour mettre celles-ci en valeur 7. Art Paris 2019 a pris l'initiative d'inviter l'association AWARE – Archives of Women Artists, Research and Exhibitions – à sélectionner 25 projets d'artistes femmes. Dans les fonds régionaux d’art contemporain et les centres d’art français, la participation d’artistes femmes dans les expositions entre 2012 et 2015 oscille entre 23 et 33 %. Par contre, 57% des centres d'arts dédiés à la photographie sont dirigés par des femmes et 49% des expositions dans ces centres furent consacrées à des femmes en 2016. Excellente nouvelle car dans les musées et festivals prestigieux, les chiffres révélés par Marie Docher 8 sont bas : 22% de femmes aux Photo-Theoria #36 • 03.2019 • P.6 © Christelle Boulé. Courtesy Photoforum Pasquart, Bienne. Exposition collective Sillages, Photoforum Pasquart, Bienne / Biel, 27.01. – 31.03.2019 Rencontres de la photographie à Arles en 2018. Le festival y a répondu en lançant cette année un partenariat avec Kering et son programme Women in Motion 9. Dans le domaine de l'édition, les deux fondatrices de 10x10 Photobooks, Olga Yatskevich et Russet Lederman, en collaboration avec Michael Lang, ont édité en 2018 How We See: Photobooks by Women, 10x10 Photobooks, New York, réédité en 2019 10. Cent livres de photographies historiquement importants et créés par des femmes ont été sélectionnés par un jury d'expertes. Et, pour conclure sur une belle perspective d'avenir, Charlotte Laubard, curatrice du Pavillon suisse à la 58e Biennale d’art de Venise (11.05. –24.11.2019), a invité les artistes Pauline Boudry / Renate Lorenz. " Depuis les débuts de leur collaboration en 2007, le duo d’artistes poursuit avec constance une réflexion sur les conditions de visibilité et d’existence de l’autre en dehors des binarismes et des catégories qui définissent nos identités. " L'installation immersive proposée par Pauline Boudry (1972, Lausanne) et Renate Lorenz (1963, Berlin), intitulée Moving Backwards, " explore, à une époque de repli sur soi massif, des pratiques de résistance, assemblant techniques de guérilla, chorégraphies postmodernes et danses urbaines, ainsi que des éléments de la culture underground queer. " 11 Une invitation à interroger notre positionnement socio-politique. Nassim Daghighian Photo-Theoria #36 • 03.2019 • P.7 © Christelle Boulé. Courtesy Photoforum Pasquart, Bienne. Exposition collective Sillages, Photoforum Pasquart, Bienne / Biel, 27.01. – 31.03.2019 1. SMITH (par) Christine Ollier, Marseille, André Frère Éditions, coll. Juste entre nous, 2017, p.28. Voir aussi p.8-9 de ce magazine. 2. Référence majeure sur ce thème : Judith Butler, Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l'identité [Gender Trouble, 1990], traduit par Cynthia Kraus, Paris, La Découverte, 2006 uploads/s3/ photo-theoria-n036-2019.pdf
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- Publié le Oct 17, 2022
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