DEMANE DEBBIH Ramila 2019/2020 Cours de stylistique Niveau 1ère année de Master

DEMANE DEBBIH Ramila 2019/2020 Cours de stylistique Niveau 1ère année de Master Avec travaux dirigés Université Frères MENTOURI Constantine Faculté des lettres et des langues Département des lettres et langue française DEMANE DEBBIH Ramila 2019/2020 Module Stylistique 1ere année de Master. Page | 2 Chapitre 3 Typologie et classement des figures La classification des figures de style est complexe et les diverses approches toujours contestables. Quand on étudie les figures, quelle que soit la terminologie adoptée, quelle que soient les critères d’identification retenus, on distingue quatre catégories : • Les figures portant sur le signifiant – la forme du mot • Les figures portant sur des combinaisons syntaxiques particulières, ou figure de construction • Les figures portant sur le sens de certains mots, dites figures de sens ou tropes • Les figures portant sur le sens global d’un énoncé, dites figures de pensée Figures de mots Les figures dites «de mots » sont celles qui utilisent le matériel sonore et visuel que représentent les mots, autrement dit celles qui jouent sur le signifiant – le mot comme contenant. Plus prosaïquement, ces figures ont pour effet d’attirer l’œil ou l’oreille sur un mot, une phrase,… Elles provoquent une attention particulière, qui conduit à une certaine expérience esthétique et incite à déduire un sens singulier. Souvent elles favorisent également le souvenir: on verra notamment des exemples de slogans, publicitaires ou politiques, fondés sur l’emploi d’une figure de mots qui facilite grandement la mémorisation de la formule. Il faut aborder ces figures à travers trois types d’intervention qu’elles peuvent opérer sur le matériel sonore et lexical des mots : • Les figures qui ont pour objet les sonorités: mise en relief de sons, notamment par leur répétition, rapprochement sonore : Allitération, Assonance, Hiatus, Paronomase,... • Les figures qui opèrent un jeu de mots sur la base de ce matériel, se confrontant à l’arbitraire du signe dont est fait le mot, pour en tirer du sens, ou le mettre en question: Anagramme, Isolexisme,… • Les procédés qui consiste en une création ou modification du mot, répondant à une certaine insuffisance du langage dans la recherche d’un effet particulier, voire d’une esthétique nouvelle : Archaïsme, Lexicalisation, Mot –valise, Néologisme, Figures de sens Contrairement aux figures de mots qui ont pour objet le signifiant des mots, les figures de sens se penchent sur leur signifié. On les appelle également «tropes », un terme qui vient du grec, Université Frères MENTOURI Constantine Faculté des lettres et des langues Département des lettres et langue française DEMANE DEBBIH Ramila 2019/2020 Module Stylistique 1ere année de Master. Page | 3 tropos, et signifie étymologiquement détour, conversion. Les tropes sont des figures repérables et isolables dans un fragment d’énoncé, qui peut se limiter à un terme (« La nature est un temple »). Or, c’est précisément de cela qu’il s’agit : les tropes ou figures de sens ont pour vocation d’opérer un transfert sémantique sur les mots ou groupes de mots qui sont leur objet. Dans son ouvrage de référence, Des tropes ou des différents sens, Dumarsais définit ainsi ce type de figures: «Elles sont ainsi appelées parce que, quand on prend un mot, dans le sens figuré, on le tourne pour ainsi dire, afin de lui faire signifier ce qu’il ne signifie point dans le sens propre. » Ces figures ont pour lui une triple vocation: réveiller une idée principale par le moyen d’une idée accessoire; rendre le discours plus énergique, plus beau ; plus noble… ; enrichir le langage en multipliant l’usage des mots. La qualité qui en fait des figures de sens est la suivante: elles apportent une valeur sémantique au propos qu’elles ornent, c’est à dire un niveau de signification plus élevé (plus précis, plus vivant, plus mystérieux,…). Pour opérer ce transfert d’un sens littéral à un sens figuré, les tropes peuvent intervenir de différentes manières sur le langage: • Dans les figures de la contiguïté, le transfert est opéré par l’utilisation d’une chose ou d’une idée qui en représente une autre et avec laquelle elle entretient un rapport. Ces deux entités font pour ainsi dire partir du même monde. On opère ici par glissement ou extension de sens : Antonomase, Métalepse, Métonymie, Périphrase, Synecdoque. • Les figures de l’association introduisent, au contraire, ce que l’on appelle une rupture d’isotopie. On associe deux choses ou idées qui n’ont a priori rien à voir et que l’on met en regard pour délivrer une signification plus forte, plus expressive. Le sens s’en trouve enrichi: Allégorie, Apposition, Comparaison, Métaphore, Oxymore (ou oxymoron) • Les figures du double sens ont quant à elles pour objet la polysémie, c’est à dire l’ambiguïté du langage, et en jouent pour proposer un sens nouveaux : Calembour, Diaphore, Homonymie, Syllepse. Les figures de construction Sont celles qui concernent l’agencement du discours. Les mots sont, en effet, des matériaux. Pour bâtir un discours, il faut les combiner entre eux et les disposer dans un certain ordre afin qu’ils forment un tout cohérent, pour que leur ensemble ait de l’impact. En ce sens, les figures de construction ont pour objet la structure de la phrase, voire, plus largement, celle du discours. Elles opèrent par différents types de procédés : • Les figures de la symétrie ou de l’opposition permettent de mettre en regard deux réalités, deux idées,… de manière formelle, pour les comparer ou les opposer, et ainsi leur donner plus de force: Antithèse, Chiasme, Reprise,… Université Frères MENTOURI Constantine Faculté des lettres et des langues Département des lettres et langue française DEMANE DEBBIH Ramila 2019/2020 Module Stylistique 1ere année de Master. Page | 4 • La répétition, sous des formes diverses, est un autre moyen de construire le discours en s’appuyant sur une redite plus ou moins insistante, totale ou partielle: Anaphore, Antépériphore, Epanadiplose, Epiphore, Inclusion, Réduplication, Répétition,… • Les figures de l’accumulation introduisent un trop–plein d’information qui a moins pour vocation un supplément de sens qu’une amplification du propos qui attire l’attention : Accumulation, Enumération, Epitrochasme, Pléonasme, Redondance, Tautologie,… • Les figures de la dispositionsont celles qui choisissent un agencement particulier pour les phrases, de manière à appuyer formellement le propos. Elles utilisent parfois des motifs qui stylisent le propos : Anadiplose, Disjonction, Epanode, Erosion, Gradation, Hypotaxe, Parataxe, Zeugma,… • Enfin, certaines figures procèdent par déstructuration de la phrase, rompant avec la construction classique de la langue ; une inversion de l’ordre attendu des mots ; l’intercalation de mots ou groupes de mots qui interrompent la fluidité du propos. Ces figures provoquent souvent un effet de surprise qui attire l’attention et met en relief, par le biais de cette déstructuration, le fond du propos : Anacoluthe, Dislocation, Ellipse, Enchâssement, Hyperbate, Inversion, … Les figures de pensée Concernent le discours en lui–même: elles soulignent les rapports des idées entre elles, mais surtout les rapports du discours avec son sujet (le narrateur) d’une part, son objet et le traitement qu’il en fait d’autre part. Elles sont des indicateurs d’une situation d’énonciation particulière, ainsi que de la dialectique qui est mise en œuvre. On abordera les figures de pensée à travers quatre types d’intervention sur le discours : • Les figures de l’intensité sont celles qui apportent une amplification au discours ou qui, au contraire, cherchent à en atténuer la portée : Emphase, Euphémisme, Hyperbole, Litote,… • Certaines figures ont vocation à restituer une image visuelle et, plus largement, à rendre vivant le discours, pour faciliter son appropriation, le rendre plus fort : Hypotypose, Personnification,… • Les figures de l’énonciation mettent en exergue les relations du narrateur à l’objet de son propos et la manière qu’il a de l’aborder : Analepse, Apostrophe, Epiphrase, Parenthèse,.. • Les figures de la dialectique concernent la relation que le narrateur met en place avec son lecteur ou auditeur, en créant une complicité avec lui, en cherchant à provoquer une réaction ou à produire un effet de surprise, de manière à l’influencer ou le convaincre : Antiphrase, Ironie, Substitution,… Université Frères MENTOURI Constantine Faculté des lettres et des langues Département des lettres et langue française DEMANE DEBBIH Ramila 2019/2020 Module Stylistique 1ere année de Master. Page | 5 Chapitre 4 : Les figures de style Sommaire 1. Définition 2. Liste des figures de style et exemples 2.1 Les figures d’analogie 2.2 Les figures de substitution 2.3 Les figures d’insistance ou d’exagération 2.4 Les figures d’atténuation 2.5 Les figures d’opposition 2.6 Les figures de rupture 2.7 Les figures qui jouent sur les sons (reprise ou proximité des sons) 2.8 Les figures jouant sur le discours 1- Définition d’une figure de style Une figure de style est un procédé d’expression qui s’écarte de l’usage ordinaire de la langue. A l’origine, les figures de style sont liées à la rhétorique (l’art du discours) et étaient très utilisées dans le but de convaincre son interlocuteur ou le séduire. La linguistique a identifié plusieurs centaines de figures de style et les a classifiées en différentes catégories. Les figures de style sont employées à la fois à l’écrit et à l’oral. 2. Liste des figures de style 2.1 Les uploads/s3/ m1-lai-stylistique-demane-debbih.pdf

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