71 FICHE SIGNALETIQUE NOM (nom de jeune fille pour les femmes mariées) :AURIOLE
71 FICHE SIGNALETIQUE NOM (nom de jeune fille pour les femmes mariées) :AURIOLE ............................................................... Epouse : ..................................................................................................................................................... Prénom usuel : Sophie .............................................................................................................................. Nationalité :France..................................................................................................................................... e-mail : sauf@club-internet.fr .................................................................................................................. Date d’obtention du DEA : DEA de Psychologie clinique ULP 1999...................................................... Laboratoire de recherche ou équipe d’accueil :Laboratoire de Psychologie clinique : Famille et Filiation/ CEPS.......................................................................................................................................... Titre de thèse :.Les processus de symbolisation et leurs devenirs dans la schizophrénie.............. .................................................................................................................................................................... .................................................................................................................................................................... .................................................................................................................................................................... Directeur de thèse :Dominique WEIL ....................................................................................................... Nombre d’inscriptions en thèse : 4e année ................................................................................................ 72 Sophie AURIOLE Laboratoire de Psychologie clinique : Famille et Filiation, (EA 3071), ULP sauf@club-internet.fr Mots-clefs : Schizophrénie, double, imaginaire, Artaud, théâtre Le statut du double dans la création schizophrénique : Antonin Artaud, le théâtre et son double Introduction « Le statut du double dans la création schizophrénique : Antonin Artaud, le Théâtre et son Double », c’est un titre bien pompeux pour un travail qui s’esquisse juste et c’est un titre qui date déjà d’il y a un moment et qui ne reflète plus tout à fait le contenu de mon intervention d’aujourd’hui. Ce travail s’inscrit dans le cadre de ma recherche sur les processus de symbolisation dans la schizophrénie et part de l’énigme que constitue pour moi l’incarnation du verbe, le rapport des mots et des choses dans la schizophrénie. Interrogation que résume bien Thierry Vincent : « Comment le corps est-il affecté par le langage, quelles sont les conditions de cette affectation ? » (Vincent T., Pendant que Rome brûle, Strasbourg, 1996, p. 188) Ce travail clinique concernant Antonin Artaud, plus vaste que ce que je vais vous en exposer aujourd’hui, vise à interroger ces questions là. Comment pour moi se caractérise cette affectation du corps dans la schizophrénie ? Freud en donne un exemple qu’il emprunte à Tausk dans l’article l’inconscient. La malade se plaint : « Les yeux ne sont pas comme il faut, ils sont tournés de travers. » Ce qu’elle explique d’elle-même par des reproches à son bien-aimé : « elle ne peut pas du tout le comprendre, il semble à chaque fois différent, c’est un hypocrite, un tourneur d’yeux, il lui a tourné les yeux, maintenant elle a les yeux tournés, ce ne sont plus ces yeux à elle, elle voit le monde avec d’autres yeux. » (Freud S., « L’inconscient » in Métapsychologie, Paris, 1996, p.111) « tourneur d’yeux » est une expression métaphorique allemande. Le propre de la schizophrénie c’est que des expressions prises au pied de la lettre se rabattent sur le corps. La thématique de l’influence est là aussi présente. Freud parle de « langage d’organe ». (Op. cit.) Sophie Auriole 73 Il en arrivera à dire que les mots sont traités comme des choses. Il écrit à propos de la formation de substitut chez le schizophrène : « Si nous nous demandons ce qui confère à la formation de substitut chez le schizophrène son caractère surprenant, nous finissons par saisir que c’est la prédominance de la relation de mot sur la relation de chose. » Il donne l’exemple d’un patient fait le lien entre « pénis » et « comédon » parce que tous deux ont la propriété de « jaillir ». Il écrit : « C’est l’identité de l’expression verbale, et non la similitude des choses désignées qui a commandé la substitution. » On verra, tout à l’heure, concernant Artaud, un processus similaire à partir de la notion de « gratuité ». Une lecture récente d’un article de Marie-Jean Sauret m’a fait approcher de plus près la question que je cherche à poser à partir de la schizophrénie, que j’essaye de dégager à partir de l’étude clinique de la vie et de l’œuvre d’Artaud. Cet Article s’intitule « Pulsion et symbolisation primordiale : les psychoses » et s’interroge sur ce qu’il en est des pulsions dans la psychose l’articulant aux questions de la symbolisation primordiale. La symbolisation primordiale qui renvoie chez Lacan à la première paire de signifiants, S1 – S2, à l’entrée de l’infans dans le langage. Jean-Claude Maleval écrit à ce propos : « Le cri de l’infans, qui le représente, est à la source de S1 : il ne prend sens que rétrospectivement, grâce aux S2 de l’autre. en l’interprétant ils le font tomber dans le refoulé primordial d’où sa fonction consiste à représenter l’être d’avant le langage. » (Maleval J.-C., La forclusion du Nom-du-Père, Paris, 2000, p84) Quelque chose se perd dans cette opération que d’autre part Lacan appelle opération d’aliénation-séparation, perte qui origine le désir et oriente les pulsions. Sauret écrit : « Pulsion de mort, pulsion, désir s’articule autour de ce ratage inscrit par le signifiant au cœur du sujet et indexé de la lettre a. Pulsion et désir ont le même objet : sa soustraction cause le désir, portant néanmoins les traces du plus-de-jouir occasionné par son extraction. » (Sauret M.-J., « Pulsions et symbolisation primordiale : les psychoses », Revue des Collèges cliniques du champ lacanien, Paris, 2003, p.87) Un mythe que Lacan expose dans « Position de l’inconscient » illustre bien cette perte nécessaire au mouvement du désir en même temps qu’il permet d’éclairer l’économie de la jouissance dans la psychose : C’est le mythe de la lamelle. La lamelle ou l’hommelette, métaphore de l’organe irréel qu’est la libido. A la séparation de l’enfant et du placenta, quand on coupe le cordon ombilical, imaginons, nous dit Lacan, qu’un fantôme s’envole. Il écrit : « Supposons-la, large crêpe à se déplacer comme l’amibe, ultra-plate à passer sous les portes, omnisciente d’être menée par le pur instinct de la vie, immortelle d’être scissipare. Voilà quelque chose qu’il ne serait pas bon de sentir se couler sur votre visage, sans bruit pendant votre sommeil, pour le cacheter. » (Lacan J., « Position de l’inconscient » in Les Ecrits II, Paris, 1971, p.212) On imagine aisément que si Le statut du double dans la création schizophrénique : Antonin Artaud, le théâtre et son double 74 de cette chose on n’est pas séparé, elle fera retour dans les pires figures de cauchemars. S’évoque dans la psychose le syndrome d’influence. Concernant ce qui fait « défaut » dans la schizophrénie, nombres d’auteurs y interrogent le statut de la dimension imaginaire. Pour Lacan « tout le symbolique est réel » (Lacan J., « Réponse au commentaire de Jean Hyppolite sur la Verneinung » in Les Ecrits, Paris, 1956, p.393). Leclaire parle du schizophrène qui semble vivre dans : « … dans un monde symbolique qui constitue sa réalité dépourvue de tout lien imaginaire, ....» (Leclaire S., Contribution à l’étude des principes d’une psychothérapie des psychoses, Thèse de doctorat en médecine, Paris, 1957, p.187) Perrier dit que « Pour le schizophrène, l’imaginaire n’existe pas, …» (Perrier F., « Le schizophrène » in La chaussée d’Antin, Paris, 1994, p.298) Quant à Gisela Pankow, elle définit la dissociation schizophrénique comme « destruction de l’image du corps telle que ses parties perdent leur lien avec le tout pour réapparaître dans le monde extérieur. » (Pankow G., L’homme et sa psychose, Paris, 1983, p.121) Une interrogation semble donc s’esquisser à partir du statut de la dimension imaginaire qui n’est pas sans résonner, chez Artaud, avec la notion de Double. D’autre part, chez lui, tout me renvoyait à questionner une économie de la jouissance avec d’un côté la « volonté supérieure et méchante » figure de la jouissance d’un Autre qui évoque le syndrome d’influence et de l’autre la mise en place au théâtre d’un jeu de force – évoquant quelque chose de l’ordre des pulsions – visant à donner corps à la pensée, à donner corps tout simplement… A partir de là, de la construction qu’Artaud opère au théâtre, j’aimerais essayer d’ébaucher un début d’interrogation autour de la symbolisation primordiale… Je vais présenter, dans cette optique une partie de mon travail clinique, travail pas achevé, encore en gestation, je le précise encore, sur la vie et l’œuvre d’Antonin Artaud, né à Marseille en 1896 et mort à Paris en 1948, jusqu’en 1937, date de son internement en psychiatrie. La vie c’est à dire, au travers de sa riche correspondance avec des personnes par lui privilégiées et au travers de sa poésie, Artaud nous fait part de ses souffrances, du mal odieux qui le ronge, les douleurs abominables, sa pensée qui lui échappe, l’impression de ne pas s’appartenir… Quant à son œuvre, je me suis intéressée à son élaboration autour du théâtre, de la mise en scène au théâtre, dont le recueil phare est Le Théâtre et son Double. A l’intérieur de ce recueil un texte majeur que je vous exposerais aujourd’hui : « Le Théâtre et la Peste ». Artaud veut révolutionner le théâtre contre un théâtre psychologisant occidental qu’il critique avec virulence pour son utilisation exclusive de la parole. Pour lui, le théâtre Sophie Auriole 75 occidental emploie la parole « comme un degré de la pensée qui se perd en s’extériorisant. » (« Théâtre oriental et Théâtre occidental » in Tome IV des Œuvres Complètes, p.68) Il parle dans une lettre à Louis uploads/s3/ les-processus-de-symbolisation-et-leurs-devenir-dans-la-schizophrenie.pdf
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- Publié le Fev 16, 2021
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