28 l collect F ils d’une mère congolaise et d’un père belge, Didier Claes a gra

28 l collect F ils d’une mère congolaise et d’un père belge, Didier Claes a grandi à Kinshasa. Lorsqu’il débarque à Bruxelles, à 13 ans, il vend quelques ornements de tête africains à des antiquai- res. Après l’installation définitive de la fa- mille, en 1991, le jeune homme continue à se spécialiser en art africain. Même après toutes ces années, son travail et sa vie ne cessent de s’entremêler. « Quand je suis à Bruxelles, je vais à la galerie tous les ma- tins. Pour moi, Bruxelles est intimement liée au travail et, de ce fait, je préfère par- fois prendre l’avion pour aller voir une ex- position à New York plutôt que d’aller en voir une ici », déclare-t-il. « Ce n’est que durant les vacances que je peux vraiment me reposer mentalement. L’Afrique sur- tout, avec la mer, me permet de me libérer l’esprit. Il y règne une autre conception de la vie et du temps. Malgré toute la misère, on y voit tout sous un angle positif, alors qu’ici, nous voulons toujours plus tout de suite. Je pense que le regard africain sur la vie est plus juste. (…) En outre, en tant que métis, j’apprécie leur goût du partage. C’est ainsi que j’ai pu apprendre mon mé- tier sur le terrain. En Afrique, les échanges humains sont fantastiques. » Fier de Bruxelles Didier Claes se rend régulièrement à New York, Londres ou Paris, mais il a résolu- ment choisi de vivre à Bruxelles. « Je suis fier que Bruxelles soit ma ville depuis 25 ans déjà. Non seulement, elle offre de nom- breuses opportunités professionnelles mais, ces dernières années, elle est devenue très cosmopolite. On y rencontre toutes les na- tionalités du monde, tandis qu’un quartier chic comme le Sablon jouxte un quartier plus populaire comme les Marolles. Par ailleurs, on s’y déplace encore facilement, même si tout le monde se plaint du trafic. Personnellement j’aime beaucoup me ren- dre à vélo à la galerie tous les matins. Et last but not least : on trouve à Bruxelles de bon- nes tables à des prix très abordables. Je n’ai jamais mangé ailleurs meilleure cuisine ita- lienne et certainement pas à 15 euros pour un plat. J’apprécie aussi les classiques de la cuisine belge dans un établissement comme le Vieux Saint Martin ou je mange africain chez Inzia, dans le quartier de Matonge, ou au nouveau Kobo à Uccle. Je ferais un ex- cellent guide de restaurant », explique notre homme. « Bien sûr, l’éducation de mes qua- tre enfants a également joué un rôle dans le choix de Bruxelles. L’aîné est maintenant à l’université tandis que le cadet vient d’avoir sept ans. À Bruxelles, il est possible d’avoir une bonne éducation sans devoir fréquenter une école privée : je veux qu’ils apprennent à connaître le monde réel et qu’ils fassent l’expérience de la diversité religieuse, raciale et sociale. Personnellement, l’art m’a aidé dans mon analyse du monde. L’art a favo- risé mon ouverture d’esprit. » Toutes les époques et tous les continents Didier Claes a longtemps habité à la cam- pagne, mais il a troqué il y a trois ans sa maison pour un appartement en ville. C’est un peu comme la campagne cependant, car le living s’ouvre sur la cité et le sommet des arbres du parc situé non loin. « De ce fait, je me sens parfois un peu comme en Afrique. Pour mon intérieur, j’ai résolument opté pour un mélange de meubles, d’objets et d’œuvres d’art de différentes périodes et différents continents. Ma passion de col- lectionneur a débuté avec le mobilier scan- dinave, surtout celui de Poul Kjaerholm. J’aime meubler ma maison et collectionner des œuvres d’art, car pour moi le design est incontestablement une branche de l’art ». Didier Claes a découvert les artistes belges du mouvement Zéro par l’intermédiaire de Lucio Fontana. « La première fois que j’ai vu une œuvre de Fontana, je n’ai rien com- pris. Mais j’étais curieux et fasciné par le groupe Zéro. J’ai ainsi découvert les œuvres des Belges Walter Leblanc et Jo Delahaut, très bonnes et abordables. Il faut acheter les œuvres pour ce qu’elles sont et non pour ce qu’elles valent. Récemment, j’ai reçu un marchand d’art moderne qui pensait que mon œuvre de Leblanc était un Fontana. Comme pour ma boutique, je n’achète que le top du top mais, comme tout col- lectionneur, je suis toujours confronté à un manque de moyens pour ma passion», précise-t-il en riant. « Mon art contempo- rain s’harmonise parfaitement avec mes pièces africaines, notamment ma collec- tion de peignes de Côte d’Ivoire. Comme la plupart des collectionneurs, mes intérêts sont très larges. A la différence près que je ne vends jamais de pièces de ma collection personnelle, alors que mon métier consiste à vendre de l’art africain et qu’il m’est donc difficile de refuser. J’envisage sérieusement de commencer une collection d’art africain contemporain. Je possède ainsi déjà des œuvres de Robin Rhode, Malick Sidibe ou Kendell Geers. Or, si même moi je ne le fais pas, qui le fera ? » collect l 29 « L ’art a favorisé mon ouverture d’esprit » texte : Elien Haentjens pORTRAIT : GUY KOKKEN Dans cette série, COLLECT part à la recherche de la personne qui se cache derrière le profession- nel. Chaque mois, nous sondons une personnalité artistique sur des thèmes plus intimes tels que sa nourriture de prédilection ou son passe-temps favori. Didier Claes (°1975, Kinshasa), spécialisé en art africain, essuie les plâtres. ART INSIDER... ART INSIDER... Didier Claes uploads/s3/ collect-aaa-fr-didier-claes-sept-17.pdf

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