Chapitre II La sémantique lexicale Principes de l’analyse sémique. La sémantiqu
Chapitre II La sémantique lexicale Principes de l’analyse sémique. La sémantique lexicale, est l'étude du sens des mots d'une langue. L'appellation « sens lexical » équivaut par conséquent à « sémantique lexicale ». Les relations du sens lexical, ou relations sémantiques lexicales, consistent donc à faire des rapprochements entre différents mots ou expressions d'une langue, à travers leur sens. Le sens d’un signe est un autre signe par lequel il peut être traduit. En fait le sens n’est pas intra-signe, mais inter-signe. Ainsi la définition sémantique d’une unité linguistique se fait en procédant à une comparaison entre cette unité et les autres unités du système. Le sens d’un item ne peut être saisie que relationnellement. 1. Le sens linguistique Parmi tous les aspects de la connaissance linguistique, celui dont il est sans doute le plus difficile de parler est le sens linguistique. Non pas parce qu’il faut faire appel pour cela à un appareillage théorique très complexe, mais tout simplement parce le sens semble aller de soi. On a tendance à oublier qu’il relève d’une abstraction totale liée au monde « réel », bien entendu, mais qui projette sur ce monde une grille d’analyse en grande partie arbitraire. La façon la plus naturelle d’appréhender le sens d’une expression linguistique consiste avant tout à la mettre en relation avec d’autres expressions. Autrement dit, mettre l’expression en question en relation d’équivalence ou de quasi équivalence avec une autre expression. Ainsi si on dit « passer un savon à quelqu’un » cette expression signifie « réprimander quelqu’un » ou « le gronder ». Le sens d’un mot et d’un énoncé est sa traduction par un autre signe qui peut lui être substitué. Ainsi, le sens du lexème crayon est sa traduction par la paraphrase : « petit morceau de divers minerais propre à écrire, à dessiner ». Le sens d’un mot est étroitement lié à la valeur de celui-ci. Crayon se définit par opposition à stylo ; sortir par opposition à entrer. Par ailleurs, deux expressions linguistiques ayant (approximativement) le même sens sont appelées des paraphrases. Il n’y a pratiquement pas d’autre façon de procéder pour décrire le sens que de faire appel à des paraphrases. Cela nous amène à définir le sens linguistique de la façon suivante : Le sens d’une expression linguistique est la propriété qu’elle partage avec toutes ses paraphrases. 2- Le langage / deux axes Le langage est construit selon deux axes. L'un des deux axes est horizontal, c'est l'axe syntagmatique, l'autre est vertical, c'est l'axe paradigmatique. Or, placer les mots d'une phrase de façon aléatoire, comme dans l’exemple « Requins si les majestueux sont », au lieu de « les requins sont si majestueux » est fatal pour la grammaticalité de la phrase, mais aussi pour le sens. C'est la raison pour laquelle le syntagme est primordial dans le langage. Cependant, s'il n'existait que le syntagme, les phrases seraient grammaticalement justes mais n'auraient aucun sens car le choix des mots serait douteux. Ainsi, les schémas de type déterminant, nom, verbe, seraient respectés, mais pourraient ressembler à la phrase : « Le chat écrit » Le syntagme et le paradigme sont par conséquent parfaitement complémentaires puisque l'absence de l'un ou de l'autre empêche le bon fonctionnement du langage. 3. Les unités de sens Une structure nécessite et exige des relations stables. Une relation requiert deux termes considérés d’un point de vue unique. Pour aboutir à ce fait, le recours aux axes sémantiques s’avère utile. Selon A .Greimas1, ce qui prime dans une opposition, c’est l’existence d’une dimension à l’intérieur de laquelle cette opposition se présente. Cette dernière se manifeste sous deux pôles extrêmes d’un même axe et que ce linguiste appelle axe sémantique. Greimas le présente comme le fond sur lequel se dégage l’articulation de la signification. Ce fond de l’articulation du sens n’est pas propre uniquement à la sémantique, il se rencontre également en phonologie. a- En phonologie Soit les deux séquences pas vs bas, l’opposition entre ces deux suites est réductible à l’opposition p vs b, qui est elle-même réductible à l’opposition voisé vs non voisé. Donc les deux phonèmes en question ne se distinguent qu’à partir d’un même axe, celui du voisement. b- En sémantique Considérons les deux unités blanc vs noir sur le plan sémantique, l’opposition permet de postuler un point commun aux deux lexèmes à savoir la couleur. Ces paires minimales de mots dont la différence de sens est réputée tient à l'opposition entre deux traits sémantiques. Par exemple en français, « aboyer » et « miauler » constituent une paire minimale : ils partagent un trait commun, ils 1 A.J.Greimas, Sémantique structurale, Larousse, Paris, 1966. sont une « manifestation sonore buccale » correspondant à « crier », et s'opposent par les traits « émise par le chien » / « émise par le chat » Selon Greimas, ce qui prime dans une opposition, c’est l’existence d’une dimension à l’intérieur de laquelle cette opposition se présente. Cette dernière se manifeste sous la forme de deux pôles extrêmes d’un même axe, qu’il appelle axe sémantique. En fait, l’ensemble des éléments qui constitue l’axe sémantique se présente sous forme de relation binaire. Cette relation connue également sous le nom d’articulation sémique. Comparons les deux lexèmes fille vs garçon, on note que ces deux unités lexicales s’opposent. Les éléments de signification dégagés à savoir féminité vs masculinité sont dits traits distinctifs ou sèmes 4. Le sème La découverte de l’unité minimale de sens fut le principe le plus important qui conféra à la sémantique son statut de discipline structurale. Le sens d’une entrée du dictionnaire peut ainsi être décomposé en éléments ou constituants sémiques. Traits inhérents du sens, éléments de structuration qui rendent possible l’établissement des axes sémiques et des ensembles signifiants qui vont du lexique au discours, les sèmes fournissent les critères indispensables à l’ordonnancement et à la structuration des lexèmes. L’unité minimale de sens, le trait pertinent du contenu sémantique, l’invariant de sens s’appelle marque sémique, marqueurs sémiques ou sème. Les invariants « humain », « mâle », « adulte » dont le produit forme le sens du signe « homme » sont des sèmes ; également, « femelle », « bovin », « adulte », constituent le sens du signe « vache », seront des marqueurs sémiques. Les sèmes sont des universaux substantiels. De pareils universaux conceptuels seraient : « action », « état », « couleur », « qualité », « dimension », « manière », « but », « animé », « humain », « mâle », « femelle », « animal », « oiseau », « objet », « espace », « temps » etc. Le nombre des sèmes étant très grand, il sera presque impossible de dresser l’inventaire de ces universaux sémantiques. Les sèmes sont des unités minimales, indécomposables qui forment la structure significative d’un élément manifesté dans le discours ou d’un ensemble signifiant d’éléments discursifs. En somme, le sème se définit comme l'unité minimale de signification non susceptible de réalisation indépendante. Il ne se réalise jamais qu'au sein d'une configuration sémantique, c'est-à-dire d'un faisceau de sèmes qui caractérise le sens du morphème et que l'on appelle sémème. 5. le Sémème Contrairement au morphème, qui constitue un signe linguistique autonome, le sème ne se réalise jamais qu'au sein d'une configuration sémantique, c'est-à-dire d'un faisceau de sèmes qui caractérise le sens du morphème et que l'on appelle sémème. C’est moyennant les sèmes qu’on peut structurer les ensembles lexématiques. Ce sont les sèmes qui permettent au linguiste de découvrir les micro-systèmes lexicaux. Un micro-système lexical est un ensemble de mots qui : - limitent un domaine conceptuel lexicalisé dans lequel le signifié d’un mot recouvre partiellement le signifié de tous les autres. - tirent leur valeur de leur opposition réciproque. Dans l’analyse sémique, on oppose entre eux les sens des signes qui forment un micro-systéme lexical pour en découvrir les sèmes et marquer ainsi plus précisément ce qui rapproche ces signes (sèmes identiques) et ce qui les différencie (sèmes spécifiques). Plus le nombre des unités lexicales comparées augmente, plus le sens de chacune d’elles s’affine. A l’aide de six sèmes, B.Pottier a décomposé le sens des mots formant le mocro-système lexical porteur du signifié « siège ». Les lexèmes de ce micro- système apparaissent comme marqués par la présence de certains sèmes et l’absence de certains autres. À chacun des morphèmes lexicaux parmi ceux qui participent du champ sémantique des « sièges » correspond un sémème constitué par une somme de sèmes. Sème s lexèmes S1 pour s’asseoir S2 sur pied (s) S3 Pour une personne S4 Avec dossier S5 Avec bras S6 En matière rigide Chaise + + + + - + Fauteuil + + + + + + Tabouret + + + - - + Canapé + + - + + + pouf + - + - - - On constate que, parmi les sèmes dégagés, seul « pour s’asseoir » S1 est commun à tous ces ensembles de sens lexicaux. L’ensemble des sèmes s’appelle l’effet de sens ou sémème. uploads/s3/ chapitre-ii-la-semantique-lexicale.pdf
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- Publié le Aoû 15, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
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