Locutions figées et expressions figurées dans les farces médiévales françaises

Locutions figées et expressions figurées dans les farces médiévales françaises - 1 - Locutions figées et expressions figurées dans les farces médiévales françaises - 2 - Masarykova univerzita Filozofická fakulta Akademický rok 2005/2006 Diplomová práce z francouzského jazyka : Les locutions figées et les expressions figurées dans les farces médiévales françaises Jana Slezáková Vedoucí práce : Mgr. Bohdana Librová, PhD. Locutions figées et expressions figurées dans les farces médiévales françaises - 3 - Tous mes remerciements vont à la directrice de mon mémoire Bohdana Librová. Elle m’a beaucoup aidée et fourni des explications nécessaires pour écrire ce travail : les sources dans lesquelles je pouvais puiser en me procurant des indications bibliographiques. Sans elle je n’aurais pas pu écrire ce mémoire. Locutions figées et expressions figurées dans les farces médiévales françaises - 4 - Table des matières Table des matières 4 Introduction 6 1. Définition de la locution 8 1.1 Terminologie 8 1.2 Caractéristiques générales de la locution 10 1.2.1 Figement 10 1.2.2 Défigement 12 1.2.3 Origine du figement 14 1.3 Métaphore 14 1.4 Classement 16 1.4.1 Locutions nominales/Noms composés 16 1.4.2 Locutions adjectivales 17 1.4.3 Locutions adverbiales 17 1.4.4 Locutions verbales 17 1.4.5 Locutions-phrases 20 2. Place des farces dans le théâtre médiéval 20 3. Aperçu critique des études antérieures 23 4. Méthodologie et constitution du corpus 27 5. Relevé des locutions 30 5.1 Le Retrait 30 5.2 Le Gentilhomme et Naudet 39 5.3 Le Cuvier 45 5.4 Le Chaudronnier 47 5.5 Le Meunier de qui le diable emporte l’âme en enfer 51 5.6 L’obstination des femmes 59 5.7 Le Frère Guillebert 60 5.8 Lucas, sergent boiteux et borgne, et Le Bon Payeur 69 5.9 Le Galant qui a fait le coup 74 6. Emploi stylistique des locutions 76 6.1 Utilisation des locutions en contexte 77 6.2 Comique langagier des farces 79 Locutions figées et expressions figurées dans les farces médiévales françaises - 5 - 6.2.1 Défigement comique 79 6.2.2 Expressions « candidates » au figement et jeux de mots 81 6.2.3 Figures rhétoriques comiques 85 6.2.4 Combinaisons des expressions 86 6.3 Degré de figement des locutions 88 6.3.1 Changement de déterminant 88 6.3.2 Modification qualitative ou quantitative de substantif 89 6.3.3 Changement de préposition et autres changements 91 6.4 Répertoire thématique des locutions 91 6.4.1 Amour 92 6.4.2 Sacré/diabolique 94 6.4.3 Valeur nulle ou minime 95 6.4.4 Raclée 96 6.4.5 Tromperie 96 6.4.6 Bêtise 97 Conclusion 98 Liste des abréviations utilisées dans le texte 100 Bibliographie 101 Locutions figées et expressions figurées dans les farces médiévales françaises - 6 - Introduction « Je ne suis pas d’accord avec ton comportement, j’ai fait le pied de grue pendant deux heures. Ça doit changer vaille que vaille. Tu es un cas à part. Jusqu’à maintenant, je supportais tout, mais je ne peux pas te faire raison, et de plus maintenant, que tu m’as posé un lapin, fais ton paquet. Tu peux aller de porte en porte, si tu veux, tu ne m’intéresses plus. » Ces expressions s’utilisent quotidiennement. Mais comment ces ensembles sont-ils venus dans la langue moderne ? Sont-ils vieux ou récents ? Mais tout d’abord, que sont-ils ? Nous savons tous que « parmi les éléments de la langue qu’il faut acquérir pour s’exprimer figurent non seulement les mots, mais aussi des groupes de mots plus ou moins imprévisibles, dans leur forme parfois, et toujours dans leur valeur. »1 Comme les unités lexicales simples, il faut les mémoriser, les apprendre et savoir les utiliser. Les suites semblables, dont le sens compositionnel ne donne pas le sens de l’ensemble, s’appellent des locutions. Quoi que nous les utilisions quotidiennement, nous ne nous posons pas de questions sur leurs origines ou encore moins sur leur définition. En préambule indispensable à ce travail sur les locutions figées et expressions figurées, nous allons aborder le sujet de la définition dans la première partie de notre exposé. « Les locutions naissent et vivent en marge de la langue normale. »2 Elles représentent un outil pour saisir la réalité : la nature, l’homme, sa vie, ses mœurs, ses institutions, et aussi ses façons de sentir, de concevoir le monde. C’est donc un héritage social et culturel, mais un héritage linguistique également, car beaucoup d’expressions se sont figées à partir du moment où les choses qu’elles désignent ont disparu et ont cessé d’être connues. Ainsi non seulement la vie mais la langue elle-même déposent dans le langage des formes mortes et qui ont cessé d’être comprises : les unes appartiennent au lexique, les autres à la grammaire.3 Il se fait ainsi que les expressions ont leur histoire, leurs origines et il est très intéressant de les suivre. Par exemple, les locutions que j’ai mentionnées au début de cette introduction existaient déjà en moyen français, c’est-à-dire le français du XIVe au XVIe siècles. Les deux premiers siècles (XIVe au XVe) ont été marqués par de grands changements de société, la guerre de Cent ans, des émeutes sociales ; et le dernier siècle (XVIe) par la renaissance, la réforme et des guerres de religion. « La période du moyen français n’est pas une simple période de transition entre l’ancien français et le français 1 Rey, A. : Préface du Dictionnaire des expressions et locutions. P. V. 2 Guiraud, P. : Les locutions françaises. P. 11. 3 Ibid. Locutions figées et expressions figurées dans les farces médiévales françaises - 7 - moderne. Du point de vue de la typologie de la langue, on pourrait l’appeler la première période du français moderne. »1 Frankwalt Möhren qualifie le moyen français comme une phase préparatoire du français moderne. Nous avons dit que le monde se reflétait dans le langage et celui-ci a été saisi dans les livres. Nous pouvons observer ces traces dans les farces, représentant un genre littéraire que le langage parlé a pénétré comme un des premiers. Elles ont ainsi interrompu l’hermétique de la poétique médiévale, en introduisant des éléments de la vie ordinaire. André Tissier, éditeur critique des farces médiévales, souligne l’importance des farces, et leur apport dans le français moderne. Selon lui, c’est un genre unique du théâtre médiéval qui a survécu jusqu’à nos jours, car il utilise un langage vif et imagé, figuré, maintes expressions de la vie courante qui se sont conservées et que nous utilisons sans le savoir. Les jeux de mots des auteurs de farce consistent souvent en oscillation entre l’utilisation d’une locution au sens propre ou au sens compositionnel des mots ; ou encore, en création de suites de mots que l’écrivain essaie, via ses personnages, de faire passer pour des locutions figées. Des expressions semblables ne figurent pas dans les dictionnaires des locutions de moyen français de Di Stefano ou de Bidler, mais où est la frontière entre une expression figurée figée et inventive ? Elle n’est nullement garantie, en effet, et les lexicographes ont été souvent obligés de recourir à leur propre jugement. Sans tenir compte des œuvres lexicographiques, et de quelques études ciblées, il n’existe aucun exposé portant uniquement sur les locutions dans les farces médiévales et leur emploi stylistique dans les contextes précis. Nous allons donc concentrer notre travail sur ce sujet : les locutions figées, les expressions figurées figées et inventives dans les farces médiévales et leur « comportement » dans le texte et contexte. Pour finir, en réponse au souci étymologique des francophones modernes qui se demandent d’où vient telle ou telle locution, nous remonterons la trace de certaines expressions figurées employées de nos jours. 1 Möhren, F. : Bilan sur les travaux lexicologiques en moyen français avec un développement sur la définition. P. 195. Locutions figées et expressions figurées dans les farces médiévales françaises - 8 - 1. Définition de la locution Le nombre d’ouvrages qui traitent ce sujet, le nombre de dictionnaires de locution (généraux ou spécialisés) et les maintes conférences sur ce sujet témoignent de l’ampleur de cette problématique, qui est très difficile à cerner. La même question fondamentale revient de façon récurrente. Qu’est-ce qu’une locution figée ? Qu’est-ce qui n’est plus une locution figée ? En 1984, Jacqueline Picoche lors d’une conférence au sujet de la locution en moyen français a énoncé toute une vérité : « la notion de syntagme figé est susceptible de degrés ; certains syntagmes figés peuvent admettre le sens usuel et plénier des mots qui les composent ; les modifications sémantiques dues à la subduction ou à la spécialisation référentielle peuvent être compatibles avec une certaine liberté syntaxique. »1 En effet, ses critères sémantiques et syntaxiques s’enchevêtrent plutôt qu’ils ne coïncident exactement. Nous allons tout de même établir quelques critères pour décider s’il s’agit d’une locution figée ou pas, tout en tenant compte du fait qu’une locution est « un produit libre de la créativité du langage »2. Il en découle les cas marginaux, se trouvant à la frontière entre une locution et une suite compositionnelle normale des mots dont nous allons exposer les cas précis dans la sixième partie de ce travail. 1.1 Terminologie Un grand flottement terminologique produit nécessairement une confusion. Essayons donc dans cette première uploads/s3/ memoire 11 .pdf

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