- 1 - Musique Andalouse, Gharnati, Taqtouqa Jebeliya MAROC Rabita Andalousa L’h

- 1 - Musique Andalouse, Gharnati, Taqtouqa Jebeliya MAROC Rabita Andalousa L’héritage arabo-andalou On attribue traditionnellement la création du style arabo-andalou à Ab u - Hassan ‘Ali Ben Nafi, surnommé Zyria -b “le merle noir” à cause de la couleur de sa peau et de la beauté de son chant, harmonieux comme celui des oiseaux. Elève à Baghdad du grand maître persan Ishaq Al Mawsili, sous le règne du calife ‘Abderrahman II (IX siècle) qui devient son protecteur et ami, Zyria -b quitte le pays à cause des intrigues menées contre lui par son ancien maître, jaloux du talent de son élève. Il traverse alors l’Egypte et le Maghreb pour arriver à Cordoue capitale des Omeyyades en 829. Dans cette ville cosmopolite, creuset des différentes cultures méditerranéennes (hispano-arabe, juive, mozarabe, chrétienne) il étudie la philosophie d’Aristote et ouvre sa propre école de musique. La tradition lui attribue certaines modifications apportées à son instrument le luth arabe (‘ud) : il aurait ainsi remplacé le plectre en bois utilisé à l’époque par une serre d’aigle taillée, inventé une nouvelle technique de jeu et aurait ajouté la corde basse “la corde de l’âme” à l’instrument. Grâce à Zyria -b l’art du sawt (chanson), forme musicale et poétique pratiquée à la cour de Baghdad se serait répandu dans tout le Maghreb et l’Europe méditerranéenne, influençant aussi les troubadours et les trouvères... Enfin, en enrichissant le swat des styles du Zajal et Muwachah (poèmes populaires chantées sur une forme libre) Zyria -b aurait créé la Nouba (suite) forme typique de l’héritage arabo-andalou. Cette légende selon laquelle l’héritage de la musique arabo-andalouse proviendrait d’un seul créateur de génie est sérieusement discutée à partir du XIX siècle. Salvator Daniel (1) fait alors remarquer, par exemple, que dans les gammes et les structures de cette musique figurent les gammes diatoniques et les règles de la musique grecque et romaine véhiculées par les civilisations juive, byzanthine et visighote. Selon des théories plus récentes, la musique arabo- andalouse aurait été influencée par le “cante flamenco” issu du chant grégorien “popularisé” et des traditions musicales juive, byzanthine et surtout tsigane. Pour Driss Charadi, compositeur et musicologue marocain, la nouba andalouse est d’origine maghrébine : issue des Madyahin, les textes religieux chantés par les Tolba, elle se serait développée, entre le X et le XIII siècle, dans cette région entre le Sud de l’Espagne et le Nord du Maroc, théâtre d’un brassage culturel qui a donné naissance notamment aux 430 Cantigas de Santa Maria recueillies par Alfonso X “el Sabio” (1252-1284). Toujours selon le professeur Charadi, les modes musicaux (tubu) qui sont la base de la musique arabo-andalouse, sont issues des gammes diatoniques de la musique grecque, et, particulièrement de tradition pythagorique, l’influence charqiya (orientale) serait, -  - elle, moins déterminante, les intervalles inférieurs au demi-ton étant utilisés seulement comme “abbellimenti” et n’ayant pas de fonction culturelle. Le beyteîn, strophe de deux vers, structure poétique qui régit la composition des textes, serait, lui, typiquement “flamenco-andalou”. Du XIII au XV siècle, âge d’or de la musique andalouse, le répertoire “Al-Ala” est composé de 24 noubat, 12 pour les modes majeurs et 12 pour les modes mineurs correspondants : chaque couple mineur-majeur est lié à un mois de l’année et à un signe du zodiaque, chacune des 24 noubat correspond à une heure du jour ou de la nuit. Tout ce système complexe faisait partie d’une recherche approfondie sur les correspondances spirituelles : la musique et la danse étant utilisées pour soulager et soigner les désordres mentaux... Il ne reste aujourd’hui que onze noubat, dont deux d’origine marocaine (2). At-tarab el Gharnati le style musical de Grenade fait partie de l’héritage musical arabo- andalou et a survécu jusqu’à la chute de la ville en 1492. Après les révoltes des Moriscos, leur persécution et leur expulsion (1609), cette tradition musicale trouvera refuge en Algérie (Alger, Constantine, Tlemcen) puis au Maroc (Oujda, Fès, Tétouan, Rabat). La “libre circulation” des cultures musicales autour de la Méditerranée s’applique aussi aux instruments : le nom arabe du violon “kamanja” serait formé des mots darija (dialecte marocain) et kamèm-jyà “allée retournée” et ferait référence au “voyage” du rebab, ancêtre du violon, vers les pays du nord de la Méditerranée et à son retour sous la forme du violon au début du XIX siècle.(3) La Tatouqa Jebeliya est l’une des formes les plus typiques de la culture musicale du Nord Maroc (côté occidentale du massif du Rif).Très populaire dans les années 50, cet art un peu oublié demeure cependant un des moments les plus fort de la tradition musicale marocaine. Appelée aussi Aïta (chanson) Jebeliya ce style musical est inspiré et dédié à l’un des plus grands marabouts du Maroc : Moulay ‘Abdessalam ben Mchich, saint patron du Jebel’ Alam. La Taqtouqa Jebeliya est basée sur trois rythmes en 9/8, 5/8 et 6/8, le premier de ces trois rythmes, qui se divise en 3/4+3/8 est typique de la tradition musicale des Jebala. -  - 1)  Francisco Salvador-Daniel, “Musique et instruments de musique du Maghreb” (1856-57), La boîte à documents, Paris 1986. 2)  Cf. Hajj Driss Ben Jelloun Touimi “Kitab El Haïk”. Les noubat marocaines sont la qua- trième (Rasdaïl) et la cinquième (Istihlal) de la liste présentée page 367. 3)  Le rebab est dérivé lui de la lyre égéenne. Une autre étymologie du mot kamanja serait “Al Kamal jyà” : la perfection est arrivée... 4)  A propos de l’art de la musique traditionnelle cf. alexis Chottin : Tableau de la musique marocaine, Geuthner, Paris 1938, Corpus de la musique marocaine fasc III “Nubat al ushshaq” Heugel, Paris 1933 et Ahmed Aydoun, Musiques du Maroc, Casablanca, Eddif, 1993. Rabita Andalousa est un groupe musical formé par des professeurs et étudiants du Conservatoire de Larache (El Araïch), l’ancienne Lukhos romaine, siège du sultan Youssef Abdelhak el Mérini (1258-1281) à l’âge d’or de la civilisation andalouse. La formation d’un ensemble musical réduit à huit interprètes et la présence de la derbouka dans la section rythmique ont été influencés par les changements introduits par Haj ‘Abdelkrim Raïs, élève de Mohammed el Brihi, un des plus grands maîtres de ce siècle. A côté du répertoire “classique” (musique andalouse et gharnati), les membres du groupe interprètent des pièces du folklore traditionnel de leur région d’origine, le Jebala, (côté occidentale du massif du Rif qui compte les villes de Chechaouen et de Ksar El Kébir). Rabita Andalousa interprète ici quelques extraits d’une des deux noubat marocaines, la nouba Istihlal. Le deuxième mouvement (muwassa), relativement long a été supprimé de même que le quatrième (inchad o u mawàl) de façon à ce que le prélude instrumental (Tawichya) introduise, à travers le troisième mouvement (qantra : pont, passage) le dernier mouvement. Le même schéma en trois mouvements (muwassa, qantra et inçiraf) s’applique au Diwan Gharnati : on entend deux qantra, séparés par le Murakab - redoublement du tempo (de 3/8 à 6/8). Rabita Andalousa interprète ensuite “Hagaz” - une Taqtouqa Jebeliya traditionnelle, enregis- trée avec les instruments “classiques” dans la salle de concert du Conservatoire de Larache - et “Habiba Jarrahtini” une chanson populaire composée par Abdessadeq Chekara en 1957 dans le style d’une ancienne Taqtouqa Jebeliya ; enregistrée lors d’un mariage à Ksar El Kebir, jouée sur des instruments populaires (suisdi à la place du oud et rebab à la place de la kamanja). -  - Arab Andalusian heritage The creation of the Arab Andalusian style is generally attributed to Abu Hassan Ali Ben Nafi, nicknamed Zyria -b «black lark» for the color of his skin and beauty of his singing. He studied in Baghdad with the great Persian master, Ishaq Al Mawsili. This was during the reign of the caliph Abderrahman II (ninth century) who would become his protector and friend. Zyria - b left the country following injurious rumors and intrigue spread by his teacher who had become jealous of his success. He travelled through Egypt and the maghreb and then settled in 829 in Cordoba, Spain, capital of the Ommiades. It was in this cosmopolitan city, a melting pot of mediterranean cultures, that he studied Aristotle and opened his own music school. He is said to have initiated certain changes in the Arabian lute, called oud: the wooden plectra used at the time was replaced by a sharpened eagle’s claw, the bass string (the «soul»string) was added and a new playing style ensued. Zyria -b is supposedly responsible for spreading the sawt (meaning song), the poetical music style played in the court of Baghdad, through the maghreb and mediterranean countries in Europe, influencing troubadors and minstrels. Zyria -b is also credited for enriching the sawt with the Zajal and Muwashah styles (folk poems sung free style), thus creating the Nouba suites, typical of Arab-Andalusian music. This legend, according to which Arab-Andalusian music was originated by one man, was seriously contested from the early nineteenth century. For example, Salvator Daniel (1) noted that the scales and structure of this music are the same as the diatonic scales and rules of uploads/s3/ maroc-rabita-andalousa.pdf

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