2.3 Le document mis en scène Certaines photos célèbres de l’histoire ont été mi
2.3 Le document mis en scène Certaines photos célèbres de l’histoire ont été mises en scène, posées ! L’intention est d’accentuer le sens du message, par rapport à celui d’une photo prise sur le vif. Joe ROSENTHAL. Le drapeau issé sur le Iwo Jima , 1945 Le 23 février 1945, Joe Rosenthal photographie cinq marines américains et un soldat infirmier, dressant le drapeau des Etats Unis sur le mont Suribachi, après la bataille contre les japonais. Cette photo est une seconde prise : aucun des trois hommes n'a planté le premier drapeau pendant les combats. Le photographe reçoit le prix Pulitzer de la photographie la même année. Cette image devient un outil de propagande américaine et fait le tour du monde. Edward KIENHOLZ. The portable War Memorial 1968, technique mixte, 289,6 X 243,8 cm Le sculpteur pop Kienholz la détourne pour faire une œuvre pacifiste dénonçant la guerre au Vietnam. Evgueni KHALDEÏ. Le drapeau rouge, 1945 Le photographe Evgueni KHALDEÏ avait en tête cette photo de Joe Rosenthal, alors qu’il se rendait à Berlin, pour faire un reportage sur la fin de la guerre. Il a choisi un lieu symbolique à Berlin, le Reichsta,g et fait fabriquer les drapeaux. Trois soldats soviétiques ont posé pour lui. Et pourtant, ces photographies fabriquées ont parfois une postérité plus forte que celles prises sur le vif ! La photo de Joe Rosenthal a inspiré d’autres artistes : Clint Eastwood, Mémoires de nos pères, 2006. Photo extraite du film Clint Eastwood la met en scène dans un film qui rend hommage à l'héroïsme des six soldats qui participèrent à la bataille d'Iwo Jima. Il propose une réflexion sur la propagande et l'héroïsme. Il reconstitue la bataille, mais aussi la campagne de collecte de fonds de trois des soldats pour renflouer les caisses vides de l'État pour continuer l'effort de guerre. Les soldats sont coincés entre leurs douloureux souvenirs de cette bataille, leur rôle médiatique et la réalité de cette photo… -Joan Fontcuberta. Portait original d’un groupe de communistes soviétiques en 1967 et le même document, tel qu’il fut publié dans le livre Vers les étoiles de Boris Romanenko, 1975 – – Fontcuberta: Spoutnik, 1997 Ivan Istochnikov et la chienne Kloka dans leur historique voyage extra-véhiculaire – Joan Fontcuberta veut démontrer qu’une image photographique n’est pas forcément « vraie ». Il crée des documents vraisemblables, il suscite le doute chez le spectateur et l’incite ainsi à être vigilant. Dans sa série « Spoutnik », il raconte que le colonel Ivan Istochnikov fut le pilote d’un engin spatial russe en 1968. Il est parti, accompagné de la chienne Kloka, pour expérimenter les effets biologiques de la microgravité. Mais il a disparu au cours d’une mission extra-véhiculaire. Seule la chienne a été retrouvée. Le Kremlin, pour ne pas reconnaître cet échec, a alors effacé toute preuve de l’existence du colonel, n’hésitant pas à déporter sa famille en Sibérie et à effacer le visage du colonel sur les photographies. http://www.orbit.zkm.de/?q=node/121 Cette histoire est-elle vraie ? Non : ces photographies sont des fictions ! Mais elles ont des allures de documentaires, parce que : * elles font référence à des faits historiques : -Pendant la deuxième guerre mondiale, de nombreuses photographies historiques ont été retouchées pour effacer certains personnages. -La chienne Laïka est le premier être vivant à avoir voyagé dans l’espace, lancée par l’URSS à bord du Spoutnik 2 en 1957 * elles sont accompagnées d’un texte à la façon d’un reportage de magazine 3. Le document (re)créé 3.1 L’œuvre-message Benjamin Vautier dit Ben (1935-), est un artiste français d'origine suisse. Il est membre du groupe Fluxus. Né dans les années 1960, ce courant touche les arts visuels, la musique, la littérature. Par un humour dévastateur et provocant, il veut exploser les limites de la pratique artistique, abolir les frontières entre les arts et la vie. Il est aussi proche du Lettrisme, mouvement de 1945 qui s'attache à la poétique des sons, des onomatopées, à la musique des lettres. C’est un «art qui accepte la matière des lettres réduites et devenues simplement elles-mêmes ». Dans ces deux courants, le message est un objet artistique. L'écriture Ben, un peu ronde et enfantine, est devenue sa marque de fabrique à partir des années 60. Le mot, la pensée, le slogan et l'écriture sont à la base de son œuvre. Il interpelle le public par ses réflexions sur l’art : quelle est la place de l’art et de l’artiste dans la société ? http://www.ben-vautier.com et http://lesmotsdeben.skyrock.com Claude CLOSKY. Sans titre (Supermarché), 1996-99. Papier peint Sans titre (NASDAQ), 2003 ? Papier peint -Sans titre (316881) ; Pièce unique. Acrylique sur toile. 210 cm de diamètre. Sans titre ; Deux œuvres exposées à la Galerie Laurent Godin, 2010 Claude Closky (1963-) est un plasticien français. Il réalise plusieurs œuvres sur des supports électroniques, notamment des sites Internet. Il travaille autour du langage : images, textes, chiffres, et sons prélevés dans notre environnement. Il part souvent d'une observation des médias, et s’empare des codes de la publicité, de supports tels que l'affiche, le magazine… Tout document, isolé de son contexte, peut devenir œuvre d’art. Des prospectus de supermarchés ou des tickets de caisse sont détournés en papiers peints … en vente dans les magasins de décoration ! Un graphique censé indiquer des statistiques devient un tableau de forme classique, le tondo, sans légende pour en comprendre la signification. Des syllabes sont découpées dans des journaux et assemblées http://www.sittes.net/menu http://www.laurentgodin.com/artists_detail.php?id_artiste=3 3.2 De la mémoire collective à la mémoire individuelle A la fin du 20e siècle et au début du 21e siècle, on observe moins de mouvements artistiques. Les artistes, souvent indépendants de tout mouvement, sont « plasticiens » : ils utilisent diverses techniques (peinture, photographie, vidéo, installations…). Les collectifs d’artistes existent, mais plus pour s’entraider, avoir plus de visibilité dans les médias, que pour défendre une idée commune, comme pouvaient le faire les surréalistes, en écrivant un Manifeste commun. L’historien d’art a moins de recul sur l’art très contemporain, c’est pourquoi il est peut-être plus difficile d’opérer des rapprochements. Des façons très variées de créer apparaissent : chacun invente ses propres règles. Et le rapport à soi est de plus en plus important, tant dans l’art que la littérature. L’artiste est le sujet de son œuvre et les documents qu’il intègre, souvent autobiographiques. Christian BOLTANSKI. Vitrine de référence, 1971. Boîte en bois peinte sous plexiglas, Bois, plexiglas, photos, cheveux, tissus, papier, terre, fil de fer. 59,6 x 120 x 12,4 cm - Monument Odessa, 1991. Technique mixte Les oeuvres de Christian Boltanski interrogent la mémoire, que ce soit celle de son histoire individuelle ou celle de l'histoire collective. Ses œuvres ont à la fois une valeur autobiographiques et une portée universelle. Né à la fin de la 2de guerre mondiale, sa famille juive est marquée par l’Holocauste. « Une grande partie de mon activité est liée à l’idée de biographie, mais une biographie totalement fausse et donnée comme fausse avec toutes sortes de fausses preuves.» Il réalise des vitrines où il expose des objets personnels comme des reliques ou des éléments issus de fouilles archéologiques témoignant de civilisations perdues. Il parodie ainsi le Musée de l'Homme : on y voit, dans des vitrines un peu poussiéreuses, des objets à l'origine sans vocation esthétique, mais plus documentaire qu’artistique, auxquels le musée a retiré leur valeur d'usage. Il crée des mémorials et des reliquaires qui évoquent la Shoa, en utilisant des photos floues d’enfants, encadrées sur des boîtes de biscuits rouillées et disposées au milieu d’ampoules alimentées de vieux fils électriques qui s'entremêlent. On pense aux enfants juifs morts dans les camps. Pourtant il ne s’agit que de photos anciennes sans relation avec ce passé. Le matériel semble dater de la guerre, alors que l’on trouve encore les ampoules dans le commerce. Est-ce un témoignage réel ou fictif ? Ce document n’est pas réel, mais tout est vraisemblable. - MARBLEU . Les Vide-mémoires de: Thérèse et Léon ou le carnaval de Venise, Peines perdues, La valise d’Orphée « Pour extraire la douleur du temps qui s’écoule de moi-même… ces objets précieux, utiles, futiles parfois, fanés, palis, usés et abandonnés par des mains mortes, symboles de la vie même où le présent devient inéluctablement passé, de la vie ondoyante dont ne restent que des souvenirs. » Le travail de Marbleu n’est pas que nostalgie du passé : les titres décalés proposent un regard humoristique sur ces objets et documents d’un autre temps. Les boîtes sont accompagnées d’une bande sonore. http://www.marbleu.fr/fr - Françoise PETROVITCH. Radio-Petrovitch, 2000-2002. Extraits Françoise Petrovitch (1964-) réalise une série, à partir des informations entendues à la radio. Elle commence le jour de son anniversaire, le 27 mai 2000 et s’arrête deux ans plus tard. « Le matin à 7 heures, j'écoute France Inter, c'est rituel. « Bonjour ! » Ce salut matinal agit comme un signal. Je procède toujours de la même manière : A la première information entendue, sans la choisir, j'y réponds immédiatement par un dessin ; ce n'est ni une illustration ni uploads/s3/ le-document-un-materiau-mis-en-scene.pdf
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- Publié le Nov 05, 2022
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