Sommaire Avant-propos I. Introduction I.1. Une étude née d’un désir collectif I
Sommaire Avant-propos I. Introduction I.1. Une étude née d’un désir collectif I.2. Tentative d’une définition terminologique de l’art urbain II. Données sur l’art urbain en France : étude quantitative II.1. Méthodologie II.2. Résultats des questionnaires commentés II.3. Synthèse des résultats II.4. Comparaison entre les écosystèmes de l’art contemporain et de l’art urbain III. Échanges avec les acteurs de l’art urbain : étude qualitative III.1. Méthodologie III.2. Restitutions des deux rencontres collectives III.2.a. L’art urbain et les énergies collectives - rencontre du 6 et 7 avril 2019 III.2.b. Les enjeux actuels de l’art urbain en France - rencontre du 9 avril 2019 III.3. Liste des entretiens et des évènements suivis IV. Conclusions IV.1. Un déficit de reconnaissance institutionnelle IV.2. Un déficit d’accompagnement de l’art urbain IV.3. Un déficit de recherche scientifique et de documentation IV.4. Un entourage juridique et déontologique peu adapté IV.5 La Fédération de l’Art Urbain - création et réflexions Annexes 1. Les questionnaires 2. Présentation de l’équipe 3. Bibliographie, filmographie et sitographie indicatives 4. Les œuvres issues de l’art urbain dans les collections publiques françaises d’art contemporain 5. Manifestations et festivals d’art urbain en France 6. Liste des artistes, structures associatives et non associatives 7. Lettre de mission du ministère de la Culture 8. Listes des acronymes 9. Remerciements 3 5 7 10 13 72 78 80 82 83 87 91 93 94 95 95 96 99 109 111 120 123 129 135 137 138 Ma fonction d’artiste, et parfois d’activiste urbain, m’a donné l’occasion d’être le témoin de 1982 à nos jours d’une variété de modes d’expression, d’intervention et d’application d’un art sauvage dans l’espace public : l’art urbain. Ces modes d’intervention ont trouvé leur réalisation concrète à la fois dans une « rébellion pro- ductive » protéiforme, caractéristique des années 1980 – pour reprendre les termes de Tony Shafrazi à propos aussi bien de Keith Haring que des Frères Ripoulin – et dans une culture du graffiti-writing – ado- lescente et rebelle elle aussi – qui émergea aux États-Unis au début des années 1970. Par la suite, un basculement vers l’Europe puis planétaire, s’est opéré dans les années 1990, aboutissant à la cohabitation d’un graffiti-writing traditionnel et d’un « post-graffiti » en développement au début des années 2000. Puis, confrontés au « street art » décrié par le graffiti, adulé par les publics, en passant par un « art dans l’espace public », nous assistons depuis une dizaine d’années au développe- ment impressionnant d’un muralisme contemporain. Cette dynamique créative a quitté son adolescence et aborde aujourd’hui l’âge de la maturité. En effet si nous prenons comme repère le début des activités d’un artiste tel que Gérard Zlotykamien (1963) ou Taki 183 (1970), cela donne à ce mouvement un âge respectable. Nous pouvons dorénavant parler de générations successives d’activistes et d’artistes urbains. D’une lignée ? Qu’en serait-il du cubisme si on l’avait découvert un demi-siècle plus tard ? C’est l’expérience qu’est en train de vivre l’art urbain : cinquante ans d’aventure artistique écrite par des artistes et des acti- vistes et qui, devenant archivistes malgré eux, en sont actuellement à porter sur leurs épaules la charge d’une histoire à construire, d’une histoire ignorée. Mais de quelle histoire parle-t-on ? D’une histoire de l’art qui ne trouvant aucune place à cet art urbain dans sa chronologie sacrée a préféré parier sur son insigni- fiance artistique ? Dans ce contexte, ces expressions ont trouvé leur développement et leur densité à travers une « histoire secrète » comme l’écrit l’historien de l’art contemporain Thierry Dufrêne. Rejetées par les insti- tutions culturelles et les politiques – leur dimension vandale faisant office de repoussoir –, ces pratiques artistiques ont ainsi su se développer et s’enrichir au contact des « non-lieux » du monde de l’art et de la ville, au contact des frustrations et des injustices. Ainsi repoussées aux marges, celles-ci ont attendu le moment propice pour être vues et entendues, en accumulant dans l’ombre une charge critique explosive. Cette « sous-culture » s’est développée horizontalement dans une logique de la dissimulation, d’une religion du bouche-à-oreille, des fanzines sous le manteau et du 1.0 d’Internet. Allant du « produc- teur au consommateur », sans intermédiaire, elle a trouvé ses moyens de subsistance hors des autoroutes culturelles : vendue le jour, vandale la nuit, mais vivante toujours. Avant-propos 3 Fort heureusement la viralité et la porosité que confère la rue à la perception de ces expressions en a fait un mouvement artistique universel et populaire. Voyageurs invétérés parcourant le monde, les artistes urbains proposent un autre regard, un temps arrêté dans cette course de vitesse devenue « la science » de notre époque comme le théorise Paul Virilio. Le ministère de la Culture s’est épisodiquement intéressé à ces nomades de l’art qui prennent d’assaut les interstices encore libres de la rue et vont là où les enjeux artistiques sont nuls – usines aban- données, terrains vagues ou catacombes – mais qui néanmoins ont une importance stratégique pour le développement des métropoles : les non-territoires de l’art. En effet depuis 2015, la Direction générale de la création artistique (DGCA) a mené plusieurs actions en faveur de l’art urbain. Son intérêt a trouvé un point d’orgue avec l’exposition À l’échelle de la ville ! organisée d’avril à juin 2018 à Paris. Cet événement célébrait ainsi le soutien concret de l’institution à la valeur artistique de plusieurs projets primés lors de l’appel à projets « street art ». Malheureusement, sur une demande de l’artiste Daniel Buren, le ministère a fait déposer l’œuvre éphémère de l’artiste Le Module De Zeer sans qu’il en fut averti. Cet épisode a créé un profond malaise chez les acteurs de l’art urbain et s’est soldé par une rencontre entre plusieurs opérateurs de notre milieu et de la DGCA. Suite à cette discussion, des artistes et des associations dédiées ont décidé de se regrouper en fédération afin d’engager une réflexion avec le ministère de la Culture et consolider une relation fragilisée. Pour mieux connaître ce secteur peu documenté de la création contemporaine, a été lancée cette étude dont voici les présentes conclusions. J’espère qu’elles apporteront au ministère de la Culture, ainsi qu’à d’autres interlocuteurs, quelques clefs d’une dynamique nouvelle pour le développement de leurs relations avec le milieu de l’art urbain. Jean Faucheur 4 I. Introduction I.1. Une étude née d’un désir collectif Cette étude résulte d’une suite de différents événements et de l’intérêt qu’a porté le ministère de la Culture à l’art urbain à partir de 2015. Cette année-là, Fleur Pellerin, alors ministre de la Culture, a lancé un plan d’accompagnement pour l’art urbain confié à Dominique Aris, cheffe de projet pour l’art dans l’espace public à la Direction générale de la création artistique (DGCA). Ce plan d’accompagnement s’est décliné à travers différentes mesures. La première d’entre elles fut l’organisation de l’exposition Oxymores sur les vitrines du bâtiment du ministère dit « des Bons Enfants », situé au 182 rue Saint-Honoré à Paris. Au cours du mois d’avril 2015, quinze artistes ayant choisi l’espace public comme lieu d’expression, L’Atlas, Combo, Eltono, Jean Faucheur, Honet, Koralie, Lek & Sowat, Marko93, O’Clock, OX, Surfil, Thom Thom, Jacques Villeglé et Gérard Zlotykamien, ont créé des œuvres in situ sur les vitrines du bâtiment. Cette exposition, organisée par les commissaires artistiques Élise Herszkowicz (directrice de l’association Art Azoï, Paris) et David Demougeot (directeur artistique du festival Bien Urbain, Besançon), a permis au grand public de découvrir la diversité de cet art par des interventions réalisées à la peinture en aérosol, au marqueur, au ruban adhésif ou bien encore par le collage d’affiches. À la même période, Fleur Pellerin adresse une circulaire aux DRAC leur demandant de « prendre en compte les cultures urbaines dans le cadre de la commande publique (art urbain)»(1). Cela se traduisit par le lancement d’un appel à projets « Street Art » qui fut également reconduit en 2017. Les œuvres pou- vaient être éphémères ou pérennes et emprunter à tout mode d’expression plastique : affiche, installation, mosaïque, peinture, tag, graff, pochoir, tape art, stickers, yarn bombing, intervention sur le mobilier urbain, projection d’eau, etc. Au total, près d’une centaine de projets d’art urbain ont été soutenus sur toute la France, métropolitaine et ultra-marine, pendant les deux éditions de cet appel. En 2016, la DGCA s’est également rapprochée de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Dans ce cadre de collaboration avec le groupe d’experts du ministère de la Culture chargé de la terminologie auprès de la Commission d’enrichissement de la langue française, un ensemble significatif de termes issus du vocabulaire spécialisé du street art a été traduit. Dans l’optique de poursuivre son soutien en faveur de l’art urbain et devant le peu de manifes- tations et de publications scientifiques à ce sujet, le ministère de la Culture a ensuite organisé en octobre 2016, en collaboration avec l’université Paris Ouest Nanterre La Défense, le colloque international État de l’art urbain, Oxymores III qui s’est tenu à la Grande Halle de la Villette de Paris. Pendant ces deux uploads/s3/ etude-sur-l-x27-art-urbain.pdf
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- Publié le Jul 24, 2021
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