ÉDITO Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême n’aura sans do
ÉDITO Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême n’aura sans doute jamais été aussi ouvert sur le monde, dans toute sa diversité culturelle. À ce titre, l’événement mérite amplement son qualificatif d’international. 39e Festival international de la bande dessinée Le Fauve © Lewis Trondheim/9eArt+ 39e Festival international de la bande dessinée 2012 Angoulême • Du jeudi 26 au dimanche 29 janvier 2012 D’abord, bien sûr, à travers la pré- sence exceptionnelle de son Président du jury, Art Spiegelman, auteur amé- ricain dont le livre Maus a contribué, au plus haut niveau et à l’échelle de la planète, à démontrer que la bande dessinée pouvait témoigner d’une vision d’artiste à la fois singulière et universelle sur un thème aussi délicat et douloureux que le génocide juif, mais aussi la difficulté de communiquer entre un fils et son père. À l’évidence, sa présidence et la portée de son œuvre – couronnée par deux fois à Angoulême par le Prix du meilleur album étranger, en 1988 et 1993 – marqueront l’histoire du Festival. Son implication dans cette 39e édi- tion est non seulement une grande fierté pour notre manifestation, mais elle est également l’aboutissement d’une démarche, débutée il y a plu- sieurs décennies et fondée sur la recon- naissance des auteurs de tous les continents. Le Festival lui consacrera bien évidemment une importante expo- sition, la première vraie rétrospective qu’on lui ait consacrée, exposition que la Bpi du Centre Pompidou accueil- lera ensuite à Paris avant qu’elle ne circule à l’étranger. International, le Festival l’est ensuite par sa programmation. Celle-ci pro- pose un regard éclectique sur la créa- tion européenne avec une exposition ambitieuse, L’Europe se dessine, créée en partenariat avec la Commission européenne et le ministère des Affaires européennes, qui implique des auteurs issus des vingt-sept pays de la Com- munauté. Une réalisation à laquelle s’adjoint un éclairage, via différentes expositions, sur le foisonnement créatif de pays tels que la Suède et l’Espagne. Une façon pour le Festival de dire à sa manière, au-delà de toute appar- tenance politique en ces temps troublés, son attachement à la construction européenne comme manifestation de la solidarité entre les peuples, y compris et surtout dans les moments les plus difficiles. On connaît l’importance des échanges culturels dans de tels contextes. L’avenir et les innovations dont la bande dessinée est porteuse ne se jouent pas seulement aux États-Unis et en Europe, mais aussi, depuis bien des années, en Asie. C’est le sens de l’ouverture continuelle du Festival aux auteurs, aux expressions et aux cultures de cette région du monde. Après les bandes dessinées du Japon, de Chine continentale, de Corée ou de Hong Kong, c’est Taïwan qui est mis à l’hon- neur cette année avec, là encore, une exposition d’envergure mettant en valeur la créativité foisonnante de ses auteurs. International, le Festival l’est enfin par l’accueil de très nombreux auteurs issus de tous les continents. Des auteurs présents à l’invitation du Festival dans le cadre des « Rencontres Internatio- nales » (suscitant toujours des échanges directs et fructueux avec les festivaliers) et, avant tout, des éditeurs qui les accueillent et leur permettent à la fois de dialoguer entre eux et de rencontrer le public et les médias. Finalement, quelle meilleure preuve peut-on donner de l’idée que la bande dessinée touche à l’universel, si ce n’est en réunissant tous ceux qui, dans le monde, la créent et la diffusent ? Franck Bondoux et Benoît Mouchart En décernant à Art Spiegelman le Grand Prix de la Ville d’Angoulême en janvier dernier, les membres de l’Académie des Grands Prix ont fait bien davantage que de récompenser l’un de leurs pairs. Ce faisant, dans la droite ligne de la politique d’auteurs que défend et promeut le Festival depuis ses origines, ils ont aussi souhaité mettre à l’honneur l’un des créateurs les plus importants de la bande dessinée mondiale contemporaine. Et c’est à cet auteur majeur que le Festival est heureux de rendre l’hom- mage qu’il mérite en janvier 2012, à travers une exposition monographique et rétrospective d’une envergure excep- tionnelle, la plus grande qu’on lui ait jamais consacrée en Europe. Créée à Angoulême, l’exposition voyagera par la suite à Paris, à la Bpi du Centre Pompidou, puis à l’étranger. L’histoire personnelle d’Art Spiegel- man se confond presque avec celle de la bande dessinée de la seconde moitié du XXe siècle en Amérique. Fas- ciné dès l’enfance par cet art qu’il pressent être l’une des expressions les plus puissantes et les plus neuves de son époque, il n’aura de cesse de dessiner à son tour, à l’écoute des his- toires sans nombre qu’il sent bouillonner en lui. Formé à l’Académie des Arts de San Francisco, il est, si l’on peut dire, aux premières loges pour assister à l’éclosion du psychédélisme et des mouvements artistiques contestataires de la fin des sixties. Sous l’impulsion d’une jeunesse en rupture avec les mœurs, les valeurs et les goûts des générations précédentes, le monde entier entreprend alors, à partir de la côte Ouest des États-Unis, une profonde reconfiguration. Spiegelman ne veut pas, ne peut pas se contenter de n’être que specta- teur de ce bouleversement. Au contact intime de la scène underground de l’époque, et de quelques-unes de ses figures tutélaires comme Robert Crumb, Expositions Le mythique créateur de Maus, Président du jury de ce 39e Festival, se voit consacrer une exposition rétrospective d’une envergure exceptionnelle. Un rendez-vous qui fera date. 39e Festival international de la bande dessinée Exposition « Art Spiegelman » Bâtiment Castro, rue de Bordeaux • Du jeudi 26 au dimanche 29 janvier 2012 • 10 h/19 h Production : 9eArt+ • Commissariat : Rina Mattotti et Benoît Mouchart Scénographie : Monique et Xavier Dumont • Chef de projet : Jean-Marie Derscheid • Partenaire : Fnac En complément avec la coopération du Festival : le Musée privé d’Art Spiegelman Musée de la bande dessinée, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image Du jeudi 26 janvier au dimanche 6 mai 2012 • Commissariat : Thierry Groensteen le jeune Art va agir et créer en prota- goniste actif de la subversion culturelle ambiante, via les nombreux périodiques que génère alors la contre-culture. Pour finir par devenir lui-même, dès les années 70, l’un des représentants les plus en vue de la bande dessinée alternative américaine. Tout est en place, dès lors, pour que naisse l’œuvre monumentale qui va le révéler au reste du monde. Très à l’écoute des ressorts de l’intime, et sensible par nature à tout ce qui relève de l’introspection, Art Spiegelman a entrepris au seuil des années 80 un récit extraordinairement ambitieux en noir et blanc, auquel l’histoire tragique de sa famille – ses parents sont des Juifs polonais rescapés des camps, devenus Américains au sortir de la Seconde Guerre mondiale – sert de toile de fond. Dans Maus – A Survivor’s Tale (devenu en français Maus, Un survivant raconte), sous les dehors d’un récit animalier, le dessinateur entremêle la chronique autobiographique – avec à l’avant-scène le compte-rendu doulou- reux de sa relation difficile avec son père – et le récit saisissant de la dépor- tation et de l’extermination des Juifs de Pologne. Maus est d’abord publié à partir de 1980 dans Raw, l’emblématique revue graphique d’avant-garde qu’Art Spiegelman a créé avec son épouse française Françoise Mouly (il y publie non seulement les espoirs de l’illustration et de la bande dessinée américaine d’alors, comme Gary Panter ou Charles Burns, mais aussi nombre de grands auteurs européens comme Joost Swarte, Francis Masse, Javier Mariscal ou Jacques Tardi), avant d’être rapidement édité en album, et immédiatement iden- tifié comme une œuvre phare de la bande dessinée. Le reste appartient presque à l’his- toire. Les traductions par dizaines. L’avalanche des prix – dont le Prix du meilleur album étranger au Festival d’Angoulême à deux reprises, en 1988 et 1993, et le Prix Pulitzer en 1992, décerné pour la première fois à un cartoonist. La consécration planétaire. Au fil des années 90 puis 2000, Art Spiegelman confirmera à chacune de ses créations ultérieures – nom- breuses illustrations pour la presse, dont le très prestigieux New Yorker, livres pour enfants, « comics opera » dont il réalise livret et décors (Crime Does Not Pay) ou chronique coup de poing comme le spectaculaire In The Shadow of No Towers (en français À l’ombre des tours mortes), réaction aux événements tragiques du 11 sep- tembre 2001 à New York – qu’il reste bien le très grand auteur qu’a révélé son maître-livre. C’est de ce parcours créateur incroyablement foisonnant que rendra compte l’exposition rétrospective pré- sentée par le Festival. Pour la première fois, plusieurs centaines de documents originaux de toute nature – dessins, 39e Festival international de la bande dessinée © Art Spiegelman/Flammarion croquis, recherches, photographies ou planches de bande dessinée, dont l’intégralité de celles de Maus, soit un total de plus de 700 références ! – seront réunis au même endroit au même moment, pour témoigner avec éclat d’un parcours d’artiste aussi sin- gulier qu’universel. L’exposition fera également une place significative à l’aventure du magazine Raw, cette uploads/s3/ dossier-de-presse-festival-bd-angouleme-2012.pdf
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- Publié le Jan 25, 2022
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