Dimitri Lewkowicz Visites et conférences Réflexion autour de l'exposition Warch
Dimitri Lewkowicz Visites et conférences Réflexion autour de l'exposition Warché à la Fondation Thalie Je partirais du principe que j'organiserai cet atelier avec des adolescents accueillis par les services du SSM Ulysse. L'équipe d'Ulysse accueille des enfants et des familles avec une problématique migratoire, des personnes primo-arrivantes, en demande d'asile, qui sont sujettes à une fragilité psychologique. Avant de développer en détail un atelier en lien avec l'exposition "Warché", il convient de tenter de définir qu'est ce qu'une visite peut créer chez le sujet, lorsqu'il entre dans l'espace dédié à l'exposition, jusqu'à ce qu'il en sorte et ce qui peut l'accompagner jusqu'à aujourd'hui. Pour spécifier le cadre de l'exposition Warché, celle-ci propose un espace bien défini, organisé en plusieurs pièces, avec des limites spatiales et des possibles ouvertures vers un "autre lieu", réel ou imaginaire. Ces espaces donnent également lieu à une temporalité précise sur l'enchaînement des pièces, qui viennent donner un rythme à la narration. Ensuite, nous pouvons lire le texte de description de l'exposition, qui donne un contexte historique, géographique et qui retrace une démarche artistique. Le médiateur vient également nous éclairer sur certains points précis et nous donner des balises pour ouvrir d'autres perspectives. Pour finir, l'exposition propose une certaine stimulation sensorielle au niveau des couleurs, des odeurs, des sons, qu'ils soient diffusés par la vidéo ou lorsque l'on marche sur les briques. Tous ces éléments peuvent venir créer de multiples ressentis chez les participants: un processus d’identification, des réminiscences quant à leurs souvenirs et/ou une ouverture vers l’extérieur, une incitation au voyage à un niveau spatial et à un niveau temporel. Le contexte de l’atelier: Je dispose de trois heures d'atelier, dans une salle avec une partie assez spacieuse où je peux mettre des tapis au sol, puis une autre partie où je peux proposer aux participants un travail sur table. La densité et la complexité du déroulement de l’atelier pourra amener des changements: si les participants ressentent le besoin de passer plus de temps sur une des étapes de la deuxième partie de l’atelier, nous pouvons prévoir une seconde séance pour terminer le travail. Pour créer un atelier en lien avec l'exposition "Warché", je souhaiterais commencer par proposer un rituel d'entrée en lien avec l'impression perceptive et sensorielle qu'à laisser cette expérience aux participants. Par la relaxation, le participant pourra se connecter à son ressenti corporel, je lui propose de tenter de laisser ses préoccupations quotidiennes de côté pour être en meilleur disposition mentale pour la suite de l'atelier. Rituel d'entrée - prise de conscience de son corps et stimulation sensorielle (20 min) Je propose que chacun choisisse un tapis sur lequel sera posé un coussin, s'étende sur le dos en fermant les yeux et en écoutant ma voix. Je proposerais une relaxation consciente en lien avec deux aspects sensoriels présents dans l'exposition: l'olfaction et le son. Je passe à côté de chaque participant pour lui faire sentir plusieurs huiles essentielles et qu'il en choisisse une. Je la mets alors sur son coussin. Je propose ensuite de se détendre en donnant quelques conseils sur le ressenti des appuis, le poids du corps, la respiration. Les pensées viennent, j'invite à les reconnaître, puis à les laisser partir pour se concentrer sur la respiration, sur le son qu'elle fait à l'intérieur et à l'extérieur du corps. Ensuite, je mets des sons enregistrés par le biais d'une petite enceinte et/ou j'utilise un "hang-drum" (instrument qui génère un son aquatique et relaxant) pour créer une ambiance sonore inspirée de l'eau et des fonds marins. Après avoir proposé de reprendre doucement conscience de l'espace dans lequel on se trouve, je proposerai de venir dans l'autre partie de la salle pour passer à la prochaine étape. Première partie (20 min) Je commencerai par proposer un exercice qui fait davantage appel à l'hémisphère droit du cerveau et à l'intuition, car les créations sont échangées, le sujet comprend progressivement que l'oeuvre est commune et il peut alors se détacher des normes d'esthétique. Cela fait également écho à l'ambivalence disparition/apparition laissant émerger une trace comme souhaite suggérer S.Ouhaddou. Une construction humaine construite sur une autre plus ancienne, qui la transforme. Chacun dispose d'une feuille A4 et d'un stylo. Des images, photos et des textes présélectionnés sont disposés sur une table. Les consignes sont les suivantes: 1) "Ecrivez dans votre langue maternelle un mot qui vous vient en tête sans réfléchir" Je les invite à passer leur feuille au voisin de gauche 2) "Choisissez une image à coller sur votre feuille" Lorsque cela est fait, je les invite à passer une nouvelle fois leur feuille au voisin de gauche. 3) "Choisissez une phrase prédécoupée à coller sur votre feuille" 4) "Donnez lui un titre" Je propose que chacun pose sa feuille sur une table et nous pouvons observer librement les oeuvres. J'invite les participants à faire des commentaires sur leurs oeuvres et/ou sur celles des autres, sur leur ressenti. Deuxième partie (1h30) Je partirai sur le concept de cartographie avec l'articulation d'une temporalité bien précise. a) J'inviterai chaque participant à se remémorer un espace urbain ou rural de leur enfance, dans lequel il a grandit, passer une partie ou la majorité de son enfance, puis tenter de faire une carte où il choisira plusieurs éléments qui seront mis en valeur par le biais du dessin et du collage (des images que j'aurais présélectionné). Je demanderai à ce que la carte soit plutôt en 2D, vu de haut ou non. Le choix des éléments appartient au participant et il choisit ce qu'il souhaite agrandir à la loupe ou ce à quoi il souhaite ne pas faire référence. Ex: Eddy a grandit dans la ferme de son grand père. C'est cet espace qu'il a choisi de représenter. Il pourra choisir de représenter l'étable, le 4x4 de son grand-père, le champ de manioc, un arbre à l'abri duquel il reçut son premier baiser et un ruisseau où il allait lancer des ricochets. Nous pourrons faire un premier feedback que chacun exprime ses difficultés ou ses facilités. Je proposerai que chacun pose sa feuille sur une table et nous pouvons observer librement les oeuvres. J'invite les participants à faire des commentaires sur leurs oeuvres et/ou sur celles des autres, sur leur ressenti. b) Ensuite, j'inviterai chaque participant à écrire une liste des lieux qui pourraient définir leur quotidien à l'heure actuelle. Je leur proposerai de visualiser la route qu'ils prennent pour aller d'un lieu à un autre et se rendre compte de détails qu'ils voudraient mettre en avant. Ex: Erica suit des cours de français tous les lundi à Fedasil avec Mr. Joseph. Elle prend ensuite le 51 pour aller chercher sa fille à la garderie. Elle passe régulièrement par la boulangerie au coin de la Chaussée de Mons pour acheter des croissants à son compagnon. La carte peut être réalisée en 3D, avec des pliages de papier, des collages et diverses matières mises à disposition (tissus, fils, chutes de bois...). A la fin de l'exercice, je proposerai que chacun pose sa feuille sur une table et nous pouvons observer librement les oeuvres. J'invite les participants à faire des commentaires sur leurs oeuvres et/ou sur celles des autres, sur leur ressenti. c) Le dernier exercice de cette série de recherche autour de la cartographie portera sur une tentative de projection dans le futur avec la réalisation d'une oeuvre collaborative. Je donnerai à chaque participant un morceau d'argile et je les inviterai à réaliser un élement (lieu, bâtiment public, parc, logement, transport...) qu'ils souhaiteraient trouver sur leur itinéraire, utiliser, contempler dans leur vie quotidienne dans 20 ans. Ils devront également se représenter eux-même. Ils peuvent imaginer avoir muter, n’être plus totalement humain, des humains-machines dans un univers inspiré du post-modernisme et/ou des humains-animaux en s’inspirant des mythes et légendes de leurs cultures. Lorsque chacun aura réalisé son oeuvre, nous tenteront de les mettre en commun, de les faire rencontrer sur une grande table, par le biais de chemin, de route, de pont, dans le but de créer une ville imaginaire, une zone rurale ou un espace de vie. Nous finirons par un feedback de la globalité de l'atelier (20min), en essayant d'amener une réflexion sur l'évolution de notre perception par rapport aux espaces passés, présents et futurs. Dans le vécu des personnes en situation de migration, la notion d'espace est chamboulée par les multiples voyages, traversées et changement radical de la topologie des lieux. L'objectif général de l'atelier serait que les participants arrivent à créer des liens entre ces variations spatio-temporelles en tentant de trouver des repères immuables. Ex: "là où je me sens bien c'est dans la forêt, peu importe le pays". Aborder le passé par un angle spatial permet que ces réminiscences soient moins frontales, et éventuellement avoir un regard tendre sur la période de l'enfance. L'exercice autour du présent par le biais d'une création permet de se détacher du quotidien qui peut être très pesant lorsque les démarches administratives stagnent et les journées sont régies par l'attente. Représenter les différents lieux de passage peut permettre d'avoir un uploads/s3/ ateliers-avec-un-public-quot-en-migration-quot.pdf
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- Publié le Dec 15, 2021
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