Chapitre 2 : La musique dans la Bible : Dans le Nouveau Testament Par M. Alfred

Chapitre 2 : La musique dans la Bible : Dans le Nouveau Testament Par M. Alfred Kuen Tout a été bouleversé par la venue de Jésus-Christ sur cette terre. Mais, dans ce pays de traditions ancestrales, la musique n'a pas perdu sa place. Le Nouveau Testament, il est vrai, contient relativement peu d'indications au sujet de la musique : à peine une douzaine de passages, deux seulement qui contiennent un ordre précis, pas de mention de la musique instrumentale. Souvenons-nous, cependant, que le peuple de la nouvelle alliance est resté, sur beaucoup de points, dans la continuité de celui de l'ancienne : son culte s'est calqué au début sur les rassemblements de la synagogue, les règles morales et les principes de vie donnés aux Juifs restaient valables pour le nouveau peuple de Dieu. Si les Hébreux avaient des raisons de louer l'Éternel, les chrétiens en ont encore bien davantage. Le chant dans le Nouveau Testament Le Nouveau Testament s'ouvre par un hymne prophétique : le Magnificat dans lequel Marie exalte le Seigneur pour sa grâce (Luc 1:46-55). Selon les coutumes du peuple hébreu, un tel poème pouvait seulement être chanté. La naissance du Sauveur a été annoncée par la plus étonnante chorale qu'on ait jamais entendue sur cette terre : un chœur de myriades d'anges a entonné le Gloria que des milliers de chrétiens ont repris après eux : "Gloire à Dieu dans les lieux très hauts et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée." (Luc 2:14) Quelques jours plus tard, Anne puis Siméon ont laissé déborder leur joie de voir Celui que l'on attendait depuis des siècles. C'est par des hymnes de louanges qu'ils ont salué le Sauveur (Luc 2:22-38). Ces poèmes qui s'insèrent dans la tradition prophétique juive ont sûrement été chantés - comme ils le seront pendant des siècles par les chrétiens. Lorsque Jésus-Christ a grandi, il a certainement participé comme tous les autres Israélites au chant des psaumes de louange et de pénitence, à la synagogue comme au Temple, lors des cultes et des cérémonies diverses. Marc 14: 26 nous le précise pour le dernier repas qu'il prit avec ses disciples :"Après avoir chanté (les psaumes), ils se rendirent au mont des Oliviers." Les premiers chrétiens ont maintenu la tradition juive du chant des psaumes. Ils y participaient au Temple et les reprenaient entre eux dans les maisons. Ils devaient avoir vraiment l'habitude de chanter pour que dans une situation aussi critique que celle vécue par Paul et Silas dans la prison de Philippes, les cantiques jaillissent de leur cœur. Psaumes, hymnes et cantiques spirituels L'ordre de chanter est moins fréquent dans le Nouveau Testament que dans l'Ancien, mais il figure dans les épîtres aux Colossiens (3:16) et aux Éphésiens. Cette dernière constitue une sorte de testament spirituel de l'apôtre Paul adressé à l'ensemble des églises d'Asie mineure. Les exhortations qu'elle contient ont donc une grande valeur pour nous car elles sont un peu comme les dernières volontés de l'apôtre. Les impératifs de la deuxième partie de cette épître culminent dans l'exhortation : "Soyez remplis de l'Esprit" suivie de cinq verbes au participe présent : "vous entretenant par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant et célébrant le Seigneur de tout votre cœur, rendant grâces pour tout à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, vous soumettant les uns aux autres..."(Éphésiens 5 :18-21). Le participe présent joue souvent le même rôle qu'un double point en français. Cela revient à dire que, d'une part, la plénitude de l'Esprit a pour conséquences le chant, la louange, l'action de grâces et la soumission réciproque, d'autre part, c'est en chantant les louanges de Dieu, en remerciant Dieu pour toutes choses, et en nous soumettant les uns aux autres que nous recevons une plus grande mesure de l'Esprit de Dieu. Ainsi le chant, nommé en premier et en deuxième lieu, est à la fois une caractéristique de la plénitude de l'Esprit et un moyen d'y accéder. C'est dire son importance pour notre vie spirituelle. a) Diversité des cantiques L'apôtre parle du chant de psaumes, d'hymnes et de cantiques spirituels. Par cette énumération il souligne l'importance de la diversité. La Bible nous transmet cent cinquante psaumes très différents les uns des autres, qui se chantaient sur des mélodies variées (dont certaines nous sont indiquées au début des psaumes). Pendant longtemps, on ne chantait que ces poèmes inspirés par l'Esprit de Dieu. Mais l'apôtre demande d'y ajouter des hymnes et des cantiques spirituels. Il n'y a pas de stéréotypie en Dieu. Toute sa création reflète son amour de la diversité. Selon les temps et les circonstances, nous avons besoin tantôt d'un genre de musique, tantôt d'un autre. Tel genre convient aussi mieux à telle personne, tel âge, tel tempérament. Nous en tenons certainement compte dans le chant collectif. Si nous voulons sauvegarder l’unité de l'Église, essayons de lutter contre tout sectarisme musical qui privilégierait un seul genre aux dépens de tous les autres. Lorsque nous entendons parler de psaumes, nous pensons automatiquement aux mélodies composées au XVIe siècle par Louis Bourgeois, Claude Goudimel et les autres chantres de Genève, de Lausanne, de Strasbourg, etc. Ces psaumes huguenots constituent effectivement un trésor inestimable que les jeunes générations négligent bien souvent. Mais le texte des psaumes a inspiré bien d'autres compositeurs au cours des siècles. Les mélodies accompagnant le Psaume 23 sont innombrables. Pourquoi se limiter à une seule version ? D'autres psaumes se chantent sous forme de chorals ou sur des mélodies modernes. Le recueil Psalm Praise a rassemblé 150 mélodies différentes, la plupart dues à des musiciens contemporains, dont beaucoup mériteraient d'être adaptées à des paroles françaises. Le grand avantage des psaumes, c'est d'offrir un texte dont nous pouvons être sûrs qu'il plaît à Dieu puisqu'il l'a inspiré lui-même. Aux 150 poèmes du psautier, nous pourrions joindre bien d'autres textes poétiques dispersés dans les livres historiques et dans l'Apocalypse. Comme le dit le titre d'un recueil : "Chantons la Bible." Les hymnes désignaient dans le grec classique des poèmes composés en hommage à un dieu ou à un héros. Nous trouvons des traces d'hymnes chrétiens dans l'épître aux Éphésiens (4:4-6; 5:14), mais aussi dans les Pastorales (1 Timothée1:17; 2:5; 2 Timothée 2:11-13) et dans l'Apocalypse (4:11; 5 :13; 7:12). Nous pouvons y ajouter tous les cantiques composés au cours des siècles et qui constituent l'un des plus précieux trésors de l'Église tout en nous souvenant que les hymnes des premiers chrétiens étaient très différents des nôtres : leurs vers, quoique rythmés, n'étaient ni rimés, ni d'un mètre égal. Au IVe siècle, c'est Ambroise de Milan qui introduisit les lignes mélodiques égales correspondant à un même nombre de pieds dans le chant d'église. Au XVIIIe siècle et XIXe siècle, il n'était pas rare de se servir de recueils contenant plusieurs milliers de cantiques. En explorant systématiquement les recueils de différents pays, on découvrirait certainement des joyaux qui ont résisté à l'usure du temps et qui brillent toujours du même éclat. Là encore, nous devons nous défendre contre les préjugés qui nous feraient classer hâtivement comme "dépassés" des cantiques dont les paroles ont une valeur durable et dont la mélodie garde une jeunesse et une fraîcheur inaltérables. Les cantiques spirituels étaient des improvisations spontanées soit sur des textes bibliques, soit sur des paroles composées également par l'auteur du chant. Dans le passage parallèle de l'épître aux Colossiens, l'apôtre ajoute ici : "sous l'inspiration de la grâce". C'est un mode de chant dont nous avons complètement perdu l'habitude. Nos frères et sœurs africains ont gardé cette forme de chant dans leur culte et la pratiquent assez facilement. Je me souviens d'un culte en plein-air à Bouaké auquel assistaient quelque 2 000 personnes; un Africain apporta, à la fin de ma prédication, un fétiche sur l'estrade. L'un des musiciens le saisit et improvisa un chant à plusieurs strophes, un peu sur le mode des prophètes : Regardez cette statuette, elle a des yeux et ne voit rien, des oreilles et n'entend pas, des bras et ne peut pas agir... Entre les strophes, l'assistance reprenait le refrain en le scandant de battements de mains. Ailleurs, un groupe de femmes improvisait des chants de louange durant une bonne demi-heure au début du culte, faisant également reprendre les refrains par l'ensemble des fidèles. Si l'on permet d'improviser des prières et des témoignages, pourquoi pas des chants dans des cultes auxquels l'auditoire participe très librement ? Ce serait une expérience bénéfique à trois conditions: que l'on essaie d'intégrer le plus possible l'ensemble de l'auditoire dans ce chant, que cela ne devienne pas la spécialisation d'un artiste qui se produirait pour faire de l'effet et que l'on reste le plus près possible du texte biblique. "De tout votre cœur chantez à Dieu" (Colossiens 3 :16) ou "dans votre cœur". Puisque Dieu est le destinataire de ces chants, peu importe qu'ils soient chantés "dans le cœur" ou à haute voix, qu'ils soient ou non agréés par les musicologues qui n'apprécient guère les "chants du Réveil". Si quelqu'un chante uploads/s3/ alfred-kuen-musique-dans-le-nouveau-ch-2.pdf

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