ACIS ET GALATÉE PASTORALE HÉROÏQUE EN MUSIQUE Représentée par l'Academie royale

ACIS ET GALATÉE PASTORALE HÉROÏQUE EN MUSIQUE Représentée par l'Academie royale de musique. CAMPISTRON, Jean G. de 1686 Publié par Gwénola, Ernest et Paul Fièvre, Octobre 2015 - 1 - - 2 - ACIS ET GALATÉE PASTORALE HÉROÏQUE EN MUSIQUE Représentée par l'Academie royale de musique. Suivant la copie Imprimée à Paris. M. DC. LXXXX. - 3 - ACTEURS DU PROLOGUE. DIANE. L'ABONDANCE. COMUS. SUITE DE L'ABONDANCE ET DE COMUS. APOLLON. ACTEURS DE LA TRAGÉDIE. ACIS, berger, Amant de Galatée. GALATÉE, nymphe de la Mer, fille de Nérée et de Doris. POLIPHÈME, géant fils de Neptune, et amant de Galatée. TÉLÈME, berger, Amant de Scylla. SCYLLA, bergère, amie de Galatée. TIRCIS, berger, Amant d'Aminte. AMINTE, bergère. NEPTUNE. UNE PRÊTRESSE DE JUNON. - 4 - PROLOGUE Le Théâtre représente le Château d'ANET. SCÈNE I. Diane, Choeur de Dryades, de Sylvains, et d'autres Divinités Champêtres. DIANE. Qu'avec plaisir je reviens en ces lieux, Que jadis mon séjour rendis si glorieux, Le château d'Anet a été bâti pour Diane de Poitiers : on y voit par tout des dérives et des peintures à l'honneur de Diane. Où régnaient la splendeur et la magnificence ! Le Fils du plus puissant, du plus juste des Rois 5 Leur redonne aujourd'hui par sa seule présence Encore plus d'éclat qu'ils n'eurent autrefois. UNE DRYADE. Depuis le jour que sur votre promesse Nous nous sommes flattés de le voir en ces lieux, Les Dryades mes Soeurs, et tous ces autres Dieux, 10 Après ce doux moment ont soupiré sans cesse. UN SYLVAIN. Nous avons préparé pour lui Les fêtes, les concerts que l'allégresse inspire ; Que le sombre chagrin, que le funeste ennui De cet heureux séjour pour jamais se retire ! 15 Que les Plaisirs en foule y viennent aujourd'hui. DIANE. Suivez les mouvements de votre ardeur fidèle ; Commencez vos concerts, Que le bruit de vos chants raisonne dans les airs ! Heureux ! Si le succès répond à votre zèle ! LE CHOEUR. 20 Suivons les mouvements de notre ardeur fidèle, Commençons nos concerts, Que le bruit de nos chants résonne dans les airs ! Heureux, si le succès répond à notre zèle - 5 - SCÈNE II. L'Abondance, Comus, Suite de l'Abondance et de Comus. L'ABONDANCE. Dans les jours de réjouissance, 25 J'ai toujours le premier emploi ; Vous seriez-vous flattés de la vaine espérance De pouvoir vous passer de moi ? Que feriez-vous sans l'Abondance ? COMUS. À mon visage, à ma suite ordinaire 30 Reconnaissez Comus Dieu des Festins, Dont la présence à vos desseins . Est aujourd'hui si nécessaire. Que vous sert d'assembler au gré de vos désirs Tous les Jeux et tous les Plaisirs ? 35 Si vous n'avez ceux de la Table Tous les coeurs seront mécontents, La Fête la plus agréable Sans moi ne peut durer longtemps. DIANE, L'ABONDANCE, COMUS. Unissons nos efforts, et qu'une ardeur si belle 40 Sans cesse se renouvelle. LE CHOEUR. Unissons nos efforts, et qu'une ardeur si belle Sans cesse se renouvelle. Apollon paraît en l'air sur un nuage. APOLLON. Apollon en ce jour approuve votre zèle Pour un prince charmant, 45 Et vient joindre aux plaisirs d'une fête si belle D'un spectacle nouveau le doux amusement. Au plus grand des Héros j'ai toujours soin de plaire, Eh ! Que puis-je mieux faire Que de vous seconder par des chants destinés 50 À divertir un fils qu'il aime ? Puissent ces mêmes chants un jour plus fortunés, Le divertir encor lui-même ! Digne Fils de ce conquérant, Que ne quittent jamais Minerve et la Victoire, 55 Tu vois par les respects que l'Univers lui rend Le prix de ses travaux, et l'éclat de sa gloire, Tu vois ses ennemis à ses pieds abattus, Tu jouis des exploits de sa main triomphante, Tâche de l'imiter ; sans cesse il te présente - 6 - 60 Un exemple parfait de toutes les Vertus. Vous, habitants de ce séjour aimable, Redoublez votre empressement, Gardez-vous de perdre un moment D'un temps si favorable. COMUS. 65 Apollon flatte nos voeux, D'un succès heureux, Nous connaissons sa puissance, Il remplira notre espérance. LE CHOEUR. Apollon flatte nos voeux 70 D'un succès heureux, Nous connaissons sa puissance,. Il remplira notre espérance. - 7 - ACTE I Le Théâtre représente le rivage de la mer de Sicile, dans l'endroit le plus agréable de l'île. La Terre y paraît ornée de toutes fortes de fleurs : on y voit aussi quelques bois d'une verdure charmante. SCÈNE I. ACIS. C'est vain qu'en ces lieux j'ai devancé l'Aurore, Hélas ! Je n'y vois point la beauté que j'adore, 75 La Mer qui la cache à mes yeux, Se plaît à renfermer ce trésor précieux. Je fais partout voler le nom de Galatée, Je le répète mille fois, Je l'apprends aux échos, aux oiseaux de ces bois, 80 Loin de moi cependant trop longtemps arrêtée. Seule elle semble ici méconnaître ma voix. SCÈNE II. Acis Télème. TÉLÈME. Vous n'êtes pas le seul de qui la voix plaintive Se fait entendre en ces lieux chaque jour, Une beauté cruelle, un malheureux amour, 85 M'amène aussi sur cette rive. ACIS. Pouvez-vous comparer vos maux à mes malheurs ? Je suis mortel : j'adore une déesse, Quelle source pour moi d'éternelles douleurs ! Je n'ose qu'en tremblant exprimer ma tendresse, 90 Et souvent en secret je dévore mes pleurs. TÉLÈME. Acis, détrompez-vous, Espérez un destin plus doux, Vous ne pousserez point de soupirs inutiles, Après vos longs chagrins, la joie aura son tour, 95 Les Déesses en amour - 8 - Ne sont pas les plus difficiles. Hélas ! Que n'en est-il de même Du malheureux Télème ? La charmante Scylla, l'honneur de nos hameaux 100 Me fait gémir sous le poids de sa chaîne, Et la rigueur de l'inhumaine Change en hivers tous mes jours les plus beaux... ACIS. Que d'un coeur méprisé l'état est déplorable ! TÉLÈME. Qu'une ingrate beauté fait souffrir sous sa loi ! ACIS, TÉLÈME. 105 Ah ! Je succombe au tourment qui m'accable, Le vers 106 se termine par un point dans l'édition originale. Peut-on sans espérance aimer autant que moi ? TÉLÈME. Vous attendez ici l'objet qui vous engage, Vous le verrez bientôt paraître sur ses bords, Je vais chercher Scylla dans le prochain bocage, 110 J'ai déjà trop contraint ma flamme et mes transports. SCÈNE III. ACIS, seul. Les points d'interrogation de cette réplique ne sont pas dans l'édition originale. Faudra-t-il encore vous attendre Fière Beauté qui régnez dans mon coeur ? Venez par un regard soulager ma langueur, Songez que d'un moment mes jours peuvent dépendre 115 Mes cris ne sauraient vous toucher, Si le récit de ma peine, Si ma mort presque certaine Du fond des flots ne peut vous arracher, Venez jouir du moins sur ce rivage 120 De tout ce que la Terre a de charmants appas. Les fleurs y naîtront sous vos pas, Jamais leur riche émail n'éclata davantage, Vous ne paraissez point ! Qui peut vous retenir ? Peut-être quelque Dieu de la Cour de Neptune 125 Cause-t-il seul mon infortune ? Ah ! Ce serait trop me punir : Dieux ! Mais mon trouble cesse, et je la vois venir. Galatée sort de la mer. - 9 - SCÈNE IV. Acis, Galatée. GALATÉE. J'ai cru trouver ici la Nymphe qui m'est chère, Je vais lui reprocher son peu d'empressement. ACIS. 130 Sans cette Nymphe hélas ! Ce rivage charmant N'a-t-il rien qui puisse vous plaire ? GALATÉE. Je suis sensib1e aux charmes de ces lieux, Mais ma joie eût été plus grande, Si ce rivage eût offert à mes yeux 135 La Nymphe que je demande. ACIS. Ah ! Si vous connaissez par la seule amitié Les ennuis que l'absence cause, N'aurez-vous point quelque pitié Des tourments où l'Amour m'expose ? GALATÉE. 140 Finissez ce discours : ne pouvez-vous parler Que de votre tendresse ? ACIS. Hélas ! Un seul moment peut-on dissimuler Des peines qu'on souffre sans cesse ? Celer : tenir quelque chose caché, secrète, dissimuler. [F] Pourquoi me voulez-vous forcer à vous celer 145 La douleur qui me presse ? Cherchez-vous à la redoubler ? GALATÉE. vers 147, le A initial est à l'envers et représente un V. À regret je vous entends plaindre D'un mal que je ne puis guérir, Étouffez un amour qui vous fait trop souffrir, 150 Vous n'aurez plus à vous contraindre. ACIS. Ah ! Vous me haïssez, je n'en saurais douter Par cet ordre cruel votre haine s'explique. GALATÉE. Suspendez vos regrets pour me laisser goûter L'heureuse paix de ce séjour rustique, 155 J'y viens avec plaisir, tout y charme mes yeux, J'y vois les champs parés de mille fleurs que j'aime ; Enfin le doux penchant qui m'attire en ces lieux - 10 - L'emporte sur l'horreur extrême D'y rencontrer un Géant odieux. SCÈNE V. Acis, Galatée, Scylla, Teleme. SCYLLA. 160 Quoi ! M'arrêterez-vous en dépit de moi-même ! TÉLÈME. Que me servent les soins que mon coeur prend pour vous ? Mon sort uploads/s3/ acis-et-galatee-pastorale-heroique-en-musique.pdf

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