Dossier pédagogique Cet ouvrage a été édité à l’occasion de l’exposition : CONC
Dossier pédagogique Cet ouvrage a été édité à l’occasion de l’exposition : CONCEPTION ET REDACTION SERVICE DES EXPOSITIONS Bénédicte LAMINE CONCEPTION GRAPHIQUE SERVICE DES EXPOSITIONS Catherine FRANÇOIS COLLABORATIONS SERVICE DES EXPOSITIONS Valérie BURTON, Nicolas DELWEYE, Nadine de RASSENFOSSE, Gilles DES- TEXHE, Carine FILIBER, Séverine FRANCOTTE, Annie GRZESKOWIAK, Alberte PIETTE, Marie-Ange THOMANNE PROVINCE DE LIEGE – 2006 D/4540/2006/01 Séduc t ion Séduc t ion Accompagner nos grandes expositions de documents pédagogiques est une volonté constante de Liège Province Culture. Il nous paraît en effet important de permettre aux professeurs et à leurs étudiants de découvrir et d’approfondir les thèmes proposés de manière à la fois originale et pédagogique. Cette exposition si l’on s’en tient à une image simplifiée ne semble pas appartenir au domaine scolaire. S’en tenir là serait pourtant malheureux. Tout au long de ses allées, le spectateur/acteur pourra y découvrir un thème aussi universel qu’intemporel. Car au-delà de l’aspect « séduisant », c’est bien d’une confrontation entre les cultures et les époques qu’il s’agit. Cette découverte permettra à chacun, nous l’espérons de prendre conscience à un niveau personnel de certains mécanismes du conscient et de l’inconscient, mais aussi de percevoir ce qui sous-tend certaines des valeurs de notre époque, telles la beauté, le pouvoir et l’argent. Puisse ces documents amener à une meilleure appréhension et compréhension de notre monde. Paul-Émile MOTTARD Député permanent Préface Le thème de la séduction, intemporel et universel, ne laisse personne indifférent. Omniprésent dans les rapports humains, l’art de séduire vient en aide à l’homme politique qui fait campagne, au sans-emploi qui recherche un poste, à cet esclave de l’audimat qu’est l’animateur de télévision, au publicitaire à la recherche d’un slogan racoleur, au commerçant qui appâte le client au moyen de promotions diverses, à l’orateur qui cherche à capter l’attention d’un auditoire et à convaincre. Le monde animalier n’est pas non plus en reste. Parades et subterfuges permettent à chaque espèce de satisfaire tant son instinct de reproduction que celui de survie. La séduction n’est donc pas seulement un processus mis en place pour combler les besoins de notre vie affective et sentimentale. D’ailleurs, à ce sujet, les choses semblent bien avoir changé. Don Juan et Casanova n’ont plus la cote. A notre époque où règne en maître le multimédia, nous sommes constamment en présence de publicités à la limite de la porno- graphie, de photos de jeunes femmes pulpeuses étalant leurs charmes sans complexes, de « sites roses » envahissant le net. Déclarer sa flamme se fait désormais par l’intermédiaire d’un e-mail ou d’un rapide sms au langage codé. De nos jours, le désir de plaire ne nous épargne aucun sacrifice. La chirurgie esthétique modèle un corps parfait à coup de liftings, injections et implants divers. Piercings et tatouages viennent l’ornementer. Les régimes draconiens nous façonnent la taille mannequin de rigueur pour quiconque souhaite séduire. En outre, nous n’hésitons pas à remettre notre apparence entre les mains d’une agence de relooking ou d’un conseiller en image. Pourtant, depuis ses origines, la séduction a mauvaise réputation et dissimule parfois une volonté de tromper ou de manipuler. La perfidie du serpent face à Eve, les bûchers allumés au Moyen Âge pour immoler les prétendues sorcières, la tirade flatteuse du renard à l’intention du corbeau dans la fable de La Fontaine nous le rappellent. L’endoctrinement, l’intégrisme, la manipulation d’une secte ou le charisme de son gourou font des personnes trop faibles ou trop crédules des victimes idéales. La séduction permettrait donc aussi d’exercer un pouvoir et d’utiliser son entourage afin de voir aboutir des projets pas toujours honorables. Alors ? Peut-on succomber à la séduction ? Bien sûr, à condition de rester lucide, consentant et surtout conscient des conséquences que cela peut entraîner. 5 Introduction Ce dossier pédagogique est destiné aux enseignants s’adressant aux jeunes âgés d’au moins 12 ans. A chacun de juger de l’opportunité du choix du thème en fonction de l’âge des élèves. Professeurs d’histoire, de français, de cours philosophiques, voire même de biologie pourront y trouver matière à débattre sur des sujets qui préoccupent notre société actuelle. Le thème de la séduction permet d’aborder de nombreux autres sujets d’actualité. Certains d’entre eux sont traités ici de manière sommaire afin de servir de point de départ à des réflexions et des débats. Pour permettre aux professeurs d’approfondir l’étude de ces sujets, certaines applications, quelques adresses de sites Internet et de brèves bibliographies sont propo- sées. Ce dossier peut également permettre de préparer ou prolonger la visite de l’exposition. 7 Mode d’emploi La parade du paon. (©Service Expositions) Le ballet aquatique des méduses (© Wildlife Pictures). Le mandrill affiche les couleurs (© Wildlife Pictures). Comment... 9 Comment fonctionne la séduction ? Qu’il s’agisse de l’homme ou de l’animal, il existe dans les stratégies de séduction une part de comportements innés (instinct) et une part de comportements acquis en fonction du milieu et de l’époque. Pas si bêtes. Pour communiquer, toute espèce animale utilise des signaux qui lui sont propres et qui sont en adéquation tant avec sa morphologie qu’avec les contraintes du milieu dans lequel elle évolue. Ainsi, chacun agira selon ses capacités, en utilisant ses atouts, mais également selon son environnement (milieu, saison, proximité de prédateurs). Comme chez l’homme, la vue est un des principaux sens sollicités. C’est pour cette raison que nombre d’oiseaux se donnent tant de mal pour déployer leurs plus somptueuses couleurs et s’adonner à d’étonnantes parades et danses nuptiales. Paons, autruches, coqs de bruyère ou paradisiers, sans oublier notre pigeon urbain plus commun, invitent ainsi la femelle à l’accouplement. Les poissons, insectes ou crustacés ne sont pas en reste. Considérons les élégantes chorégraphies aquatiques des méduses ou le ballet aérien des libellules. Crabes et écrevisses mâles rougissent de désir face à l’autre sexe. Les mammifères sont en général beaucoup moins démonstratifs, si ce n’est le cas du mandrill exhibant une face et des organes génitaux colorés en bleu, rouge et jaune. La guenon apprécie beaucoup. Cependant, tous ces signaux visuels mettent en danger car ils n’échappent pas aux prédateurs. On les utilise donc également pour intimider, tels certains papillons dont les ailes sont ornées d’ocelles simulant les yeux d’un rapace. Les signaux sonores présentent l’avantage de se propager facilement, surtout en milieu aquatique où ils sont très rapides, et d’être perçus malgré l’éloigne- ment. Chants, stridulations, percussions, battements d’ailes, tout est bon pour jouer la sérénade. Le brame rauque du cerf épuise notre séducteur mais permettra à la femelle d’éprouver sa résistance et de reconnaître en lui un véritable chef de harde. Et si dame canari a l’oreille musicale, elle saura recon- naître le mâle le plus performant. Quant au crapaud, il supplie inlassablement sa belle de venir le rejoindre par ses coassements incessants. Qui prétend que l’amour n’a pas d’odeur ? Dans le monde animal en tout cas, la communication olfactive semble la plus puissante. Appelées « phéromones », ces substances odorantes que sécrète un animal servent à attirer les membres d’une même espèce et remplissent plusieurs fonctions. Les abeilles les utilisent Le brame du cerf en rut (© Wildlife Pictures). Les fourmis marquent leur itinéraire vers la nourriture à l’aide de phéromones (© Wildlife Pictures). L’oiseau satin attire la femelle par des objets de couleur bleue (© Wildlife Pictures). comme système d’alarme en cas d’attaque et les fourmis en font notamment usage pour indiquer à leurs congénères l’itinéraire le plus efficace vers une source de nourriture. Les phéromones sexuelles exercent une attraction sur l’autre sexe, le stimulent et informent quant à la maturité et à la réceptivité sexuelle d’un partenaire potentiel. Les antennes du bombyx ou papillon du mûrier lui permettent de détecter ces odeurs à des kilomètres de distance. Si les oiseaux ont un odorat peu développé, les poissons quant à eux sont sensibles tant aux phéromones produites par leur propre espèce qu’aux substances provenant d’autres organismes (animaux ou plantes), ce qui leur permet de débusquer les prédateurs. En matière de séduction, l’espèce humaine n’a pas l’exclusivité de la stratégie du bouquet de fleurs. De nombreux animaux ont recours aux petits présents, charment la femelle en lui offrant de la nourriture. Ainsi, l’oiseau satin appâte sa conquête en lui préparant un nid d’amour décoré d’objets de couleur bleue qui plaisent beaucoup à la belle. En somme, comme chez l’humain, la séduction animale requiert la présence d’un émetteur et celle d’un récepteur. Le premier, souvent le mâle, entre en rivalité avec les autres individus de même sexe. Paradant, s’égosillant, allant parfois jusqu’à combattre (mouflons ou cervidés s’affrontant bois contre bois), il influe sur le choix du second (la femelle) en lui présentant des gages de qualité et d’endurance. Le cœur de celle-ci battra inévitablement pour celui qui lui semble le plus performant et, par conséquent, susceptible de lui assurer une descendance robuste. Chez les animaux, la séduction c’est donc surtout une affaire d’instinct de reproduction. Qu’en est-il de l’être humain d’après vous ? 11 Chez l’humain, différents gestes incitent au rapprochement (© Reporters). La dilatation de la pupille de l’œil suscite de l’attrait. Et le genre humain ? uploads/s1/ dossier-pedagogique.pdf
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